lundi 26 mars 2018

Navigation au milieu des baleines vers les Turks et Caicos

Mardi 20 mars, nous nous retrouvons sur la plage de White bay sur l'île Jost Van Dyke (nom d'un pirate hollandais) avec Teiva pour que les loulous se défoulent avant les 3 jours de navigation qui nous attendent pour aller jusqu'aux Turks et Caicos.
Nous sommes arrivés la veille après une « grosse » journée : départ de la bouée des Baths à Virgin Gorda vers 8h (Teiva est parti juste après, en accélérant la cadence en voyant arriver un zodiac qui semblait aller de bouée en bouée en les faisant payer … On dirait que c'est la fin des bouées gratuites devant les Baths!). La navigation jusqu'à Tortola a été tranquille avec un vent assez faible. A Road Harbour, nous sommes partis en expédition ravitaillement (c'est toujours une aventure de trouver un supermarché et ensuite de rapporter, à dos d'âne, tous nos achats!!). Le supermarché était plutôt bien achalandé mais les prix nous ont forcé à rester raisonnables, surtout rayon fruits et légumes (2 dollars LA pomme!). Pour nous faciliter la tâche, la plupart des prix étaient à deviner … et nous avons eu quelques surprises à la caisse (7 dollars la plaquette de beurre !). Pendant que nous ramenions le frais et les enfants sur les bateaux, Julien et Jean-Roch sont allés faire les formalités départ … et ils ont eu la surprise de se voir réclamer une taxe de départ par un employé aimable comme une porte de prison : un peu plus de 7 dollars pour Lotus et 27 dollars pour Teiva sur lequel Théo était considéré comme un passager ? ? ? Suite à un dialogue de sourds qui a semé la confusion, Julien est reparti avec son papier tamponné « PAID » et finalement avec son billet de 10 dollars dans la poche !
Et hop, après un repas rapide, nous voilà partis vers Jost Van Dyke en croisant sur notre passage un cargo en train de récupérer des voiliers certainement encore réparables. D'autres, que l'on aperçoit posés dans une décharge de bord de mer, ont eu moins de chance !
Nous arrivons en fin d'après-midi sur Jost Van Dyke, à temps pour la baignade. La plage est jolie et le mouillage normalement protégé par une barrière de corail. Il ne nous reste que la place du milieu que des vagues réussissent à rendre inconfortable (mais d'où viennent-elles ?!) à tel point que le drône refusera de décoller du bateau ! Tant pis, baignade et plage nous consoleront.

Nous devions quitter les BVI vers 11h … mais nous sommes optimistes sur notre moyenne à venir et pour ne pas arriver de nuit sur le Silver Bank (à environ 300 M), nous décidons de ne partir qu'en début d'après-midi.
Nous appareillons en même temps. Teiva prend l'option d'envoyer sa grand voile et son genaker. Nous restons au moteur le temps de monter le spi. Le vent est plein arrière, environ 10 kt. Même avec le spi, on se traîne entre 5 et 6 kt … Teiva ne nous rattrape pas puis il remplace le genaker par son spi et commence à grignoter son retard. 2 heures après, il est travers et bien parti pour nous doubler quand il affale son spi pour renvoyer grand voile et genaker ?? Julien se réjouit : « ça c'est des amis, ils ne veulent pas nous doubler ! » En fait, Teiva se met en configuration pour la nuit.

Nous gardons le spi et Julien pensait à envoyer la grand voile avec 3 ris quand ZZZZZZZZZZZ ! Un poisson !! Après avoir bataillé un peu, Julien remonte un joli thon d'environ 3 kg !! Enfin !! On a du mal à se souvenir à quand remonte notre dernière prise !
Après cet événement, nous envoyons la grand voile à 3 ris en plus du spi. Avec une quinzaine de nœuds de vent, on avance à 7 kt. C'est mieux !! La mer est agréable : une petite houle arrière et c'est tout. La navigation dans ces conditions là, c'est presque agréable ! Après une nuit calme à glisser sur l'eau, le matin nous trouve environ 11 M devant Teiva qui renvoie son spi quand il fait jour. Toute la journée, il grignotera son retard et au milieu de la nuit suivante, il nous double tranquillement (un spi plus grand, quelques tonnes en moins … on ne peut pas lutter !). Le matin suivant, c'est donc à notre tour de voir Teiva sur l'horizon !

Nous arrivons près du Silver Bank : on ouvre les yeux ! C'est plutôt stressant de passer de 4000 m de fond à environ 20 m ! Et pour être sûr de voir des baleines, nous modifions nos intentions initiales (on voulait passer au nord du Silver bank) et décidons de le traverser. Le fait de modifier notre route nous permet d'avoir le vent bien placé et Lotus « s'envole » ! Et c'est à 10 kt que nous rejoignons le bank et que nous voyons nos premières baleines. La journée passera vite à scruter la mer pour déceler les souffles puis les dos.
C'est un festival : il y en a partout dont une qu'on ne verra qu'au dernier moment : une tache blanche qui bouge sous l'eau ? Le temps de réaliser et Lotus passe au-dessus de la baleine qui refait surface derrière ! Nous les voyons sauter au loin : les grosses éclaboussures se voient bien sur l'horizon et ensuite il n'y a qu'à surveiller un peu pour les voir resurgir.
Celles qui passeront près de nous resteront très sages : pas de saut. Nous ne verrons la plupart du temps que le souffle et le dos (forcément, elles ne sondent pas en montrant leur queue alors qu'il n'y a que 20 m de profondeur!) mais cela fait chaud au cœur de voir autant de spécimens d'une espèce menacée de disparition par la folie des hommes. Certaines sont énormes ; elles se déplacent souvent par 2 ou 3 avec un petit.
En fin d'après-midi, nous rattrapons Teiva (qui avait décidé de traverser plus tranquillement le bank) et c'est l'occasion de quelques photos « magiques » : j'ai même réussi « LA » photo, avec une queue de baleine derrière lui !
En fin de journée, Teiva accélère (moteur!) pour sortir du bank avant la nuit. Nous restons à la voile et commençons à obliquer. Nous croisons des bateaux de pêche et avons la chance d'être contactés par un pêcheur (en français!) qui nous conseillera de faire route à l'Ouest avant de remonter au nord car de nombreuses patates de corail ne sont pas cartographiées. A priori, chaque année, des voiliers se posent dessus … houlala PRUDENCE ! Nous remercions et suivons le conseil, relayé à Teiva.
La sortie du banc se fera sans problème.
Par contre, le vent tombe complètement et pour le reste de la nuit jusqu'au matin, nous nous traînerons péniblement à 2 kt (avec 5 kt de vent !). Le vent ne reviendra qu'en début d'après-midi : nous avions finalement mis les moteurs le matin pour ne pas arriver de nuit sur les Turks and Caicos où les cartes sont constellées de croix (qui signalent un écueil!!). Teiva, arrivé le matin a eu le temps de vadrouiller et s'est finalement mis au mouillage au sud de Grand Turk, devant une plage sauvage, abritée de ce vent du Nord que nous avons pris en pleine face en arrivant ! C'est rageant : on se traîne une bonne partie de la nuit et on finit au moteur avec 20 kt de vent de face ! L'arrivée se fait avec une vigie à l'avant pour éviter les cailles.
Le lendemain, ça souffle encore pas mal ; nous restons au même mouillage pour se reposer (eh oui :  3 nuits de quart à deux, ça tire un peu. Notre transpacifique se fera avec plus de confort puisque nous serons 5 à faire du quart !).

La plage est, comme le fond, couverte d'algues et de déchets divers ... pas très glamour ! On aperçoit un paquebot de croisière derrière la pointe ce qui nous motive à marcher un peu pour rejoindre la ville. Mais déception : il n'y a en fait qu'une grosse zone duty free de boutiques de luxe pour les touristes du paquebot avec quelques restos et bar ... La ville se trouve en fait derrière l'aéroport ... hors de portée à pied avec les loulous.
Minute culture : à l'occasion de nos déambulations, nous apprenons qu'une capsule spatiale a été réceptionnée dans les eaux turquoises des Turks and Caicos en 1962. C'était le deuxième vol habité dans l'espace après Youri Gagarine en 1961 (qui avait fait un tour de terre) : les américains, vexés,  y ont envoyé John Glenn qui a fait 3 tours de terre avant d'amerrir dans sa capsule. Petite la capsule !!
Le soir, discussion sérieuse sur Teiva pour organiser la suite du programme : nous sommes du côté du Grand Turk. Si nous voulons aller voir le bank des Caicos (qui se voit de l'espace !), il faut soit le traverser (environ 40 M à traverser avec 2/3 m de fond ce qui donne une couleur paradisiaque ... mais il faut rester attentif car il y a des patates de corail partout !!) soit faire le tour ... et c'est long !
Dans tous les guides, ils conseillent de ne naviguer dans le bank que le soleil dans le dos et avec un vent modéré pour bien voir les écueils. Avec nos 15/20 kt établis, ce n'est pas top et on ne tient pas à endommager nos coques !!
Finalement, on décide d'aller voir les petits ilôts autour de nous et le choix se fixe sur Gibb's cay, que l'on voit de notre mouillage !!



On attend que le soleil soit assez haut pour bien voir le fond et c'est parti pour 20 minutes de navigation pour arriver dans un petit paradis : un ilôt désert avec de l'eau translucide, une plage magnifique et un mouillage abrité ! Nous passons l'après-midi à jouer au bord de l'eau avec des raies et des poissons coffres, pas timides du tout : elles viennent se frotter à nos jambes et passent même entre !! Lilas s'amusera bien jusqu'à ce qu'un poisson coffre prenne son doigt pour une knacki ! Une belle coupure au doigt !!
 Petite précision culturelle : la raie pastenague américaine se nourrit de gastéropodes, crustacés, huîtres ou petits poissons donc on ne craint rien. Par contre, c'est une raie "armée" : elle a un dard venimeux ... donc aucun danger, sauf si on lui marche dessus. En cas de blessure par leur aiguillon, il faut savoir qu'il est dentelé (donc qu'il fera de gros dégâts aussi quand on l'enlèvera s'il est bien enfoncé) et que le venin injecté est thermolabile. Il faut donc plonger la plaie dans l'eau très chaude et prendre des anti-douleurs.

Le lendemain, nous avons l'explication de ces raies peu farouches : des bateaux déversent des touristes sur NOTRE île dès le matin ! On est envahi !! Eh oui, hier il n'y avait pas de paquebots à quai alors qu'aujourd'hui ...c'est la cohue sur NOTRE plage !!



Enfin en milieu d'après-midi, les touristes regagnent leur paquebot et nous retrouvons notre tranquillité. L'occasion de faire voler le drône pour vous faire profiter des couleurs magiques ici.


 C'est tellement joli ici qu'on doute de pouvoir trouver mieux et on choisit de rester ici jusqu'à notre départ des Turks et Caicos dans un ou deux jours. C'est ici que nos routes vont se séparer : Teiva va continuer au nord vers les Bahamas avant de faire la transatlantique retour. Nous irons au sud vers la Jamaïque avant de rejoindre Panama et se lancer dans la transpacifique.
Après Gilbert et Isabelle, sur Vent d'Ailleurs, nous perdons de bons compagnons de voyage. Snif ! On vous souhaite d'en prendre pleins les mirettes aux Bahamas et de faire une transat retour sympa.



lundi 19 mars 2018

Gorda sound et les Baths, le retour !





















Nous laissons Anegada derrière nous vendredi 16 mars au matin. Julien craignait de devoir tirer des bords pour rejoindre l'entrée du chenal de Gorda sound (au nord de Virgin Gorda) mais finalement, avec un près très serré, ça passe ! Le vent est soutenu (20/25 n) et nous remontons le vent à 8/9 n. 
Il y a du monde sur l'eau et nous croisons des voiliers qui partent vers Anegada mais nous doublons aussi un joli monocoque (à la grande fierté de Julien !). La mer est agité d'un gros clapot mais ça ne nous secoue pas trop. 
Même pas 2h plus tard nous sommes donc mouillés devant une jolie plage (les photos du drône peuvent en attester) et Teiva nous rejoint dans la matinée.















A l'arrivée, la manette du moteur gauche a refait des siennes en se bloquant ... A croire que le bateau veut maintenir Julien occupé ! Le voilà reparti dans la mécanique : démontage et examen de la manette du moteur incriminé, vérification de la tension des câbles, essais ... Au final, ça passe beaucoup mieux mais à surveiller ...

Après une séance CNED éprouvante (je ne dirai jamais assez que vous ne connaissez pas votre chance de laisser vos enfants à l'école et de ne les récupérer que le soir !!), nous sommes allés nous détendre sur la plage. Comme souvent, au hasard des mouillages, nous faisons la connaissance de Mathieu et Mona, propriétaires d'un Outremer 50, "Media Luna", et nous finissons tous sur leur bateau pour ... un petit apéro bien sûr ! Leur périple de 8 mois touche à sa fin (reprise du boulot en juin) et il va falloir revendre le bateau. Sa femme est suédoise et leurs amis (propriétaires d'un monocoque mouillé à côté) est un couple allemand/hollandais : nous avons donc parlé anglais une bonne partie de la soirée !
Le lendemain, nous voyons avec plaisir arriver JAD (just a dream) dans l'après-midi : les enfants se retrouvent pour jouer sur la plage et nous passons la soirée tous ensemble sur Teiva.                               



Le lendemain, nous appareillons le matin pour rejoindre les Baths. La navigation est toute douce et nous prenons une bouée en arrivant (une des dernières de libre !).









Drapeau rouge sur la plage en face de nous ... l'arrivée sur la plage se fait dans les rouleaux ... on y va ? Violette n'est pas rassurée ... Lilas non plus. Finalement, on accoste tout en douceur à la dernière plage, la mieux abritée. Les louloutes se lancent dans le labyrinthe entre les rochers et Lilas se baignera dans toutes les "piscines" au milieu des rochers. L'endroit est vraiment magnifique avec ces énormes rochers sortis de nulle part, l'eau claire (bon seulement 27° mais il fait chaud alors ...).
Un petit vol de drône pour vous faire partager la beauté des lieux. Pour repérer notre bateau, cherchez celui derrière lequel il y a un canoé vert.




Programme à venir : nous sommes en train de traverser vers Road Harbour à Tortola pour faire les formalités de départ et quelques courses avant de partir passer une dernière journée sur Jost Van Dyke, l'île voisine. Ensuite ce sera le départ vers les Turks and Caicos, des îles distantes de 400 M, environ : 2 à 3 jours de mer. Nous passerons par le Silver Bank, un haut fond où l'on espère voir des baleines. Ensuite nous nous laisserons porter par le vent : la Jamaïque peut-être, la Colombie ou les San Blas direct ... Le tout est d'arriver à Panama avant le 25 avril pour réceptionner mon père et nos 2 équipiers, Sophie et Cyril.