mardi 26 novembre 2019

Formalités d'entrée en Nouvelle Zélande

Alors les formalités d'entrée en Nouvelle Zélande ... elles sont décrites dans certains blogs comme terriblement pointilleuses et exigeantes. Beaucoup d'informations circulent sur ce qui est toléré ou non, ce qui sera confisqué à coup sûr ... Voila notre retour d'expérience.

Nous sommes arrivés en Nouvelle Zélande le 21 novembre 2019 à 15h30 : pour que ça se passe bien, il faut avoir envoyé le document appelé "advance notice of arrival (small craft)" par internet au minimum 48h avant. Nous l'avions envoyé des Tonga, début novembre, en donnant comme date d'arrivée le 12 novembre.
Quand vous arrivez dans les eaux territoriales de la Nouvelle Zélande, vous devez contacter la "maritime radio" sur VHF 16. Ce sont eux qui préviendront les "customs" de votre arrivée.
Nous avions donné comme port d'entrée Whangarei ; nous irons finalement à Opoa pour arriver de jour (et nous éviter une autre nuit en mer). Le contact a été compliqué et on ne s'est bien entendu qu'à l'entrée de la "bay of island"(donc largement après l'entrée dans les eaux territoriales).
La marina d'Opoa a un quai destiné à la quarantaine, qui n'est pas relié à la terre. A savoir que les douanes travaillent jusqu'à 17h ; après, vous serez condamnés à passer la nuit au quai pour faire les formalités le lendemain.


2 personnes se chargent de votre bateau :
- un douanier, qui vous fait remplir les différents documents concernant le bateau (mieux vaut les pré-remplir, ça fait gagner du temps). A noter que nous avions rempli par internet l'ETA, il y a une application sur ipad qui permet de le faire, en payant 35 dollars néo-zélandais par personne, nécessaire quand on arrive par avion. Eh bien ce n'était pas (encore ?) nécessaire en arrivant par bateau : nous avons juste rempli les petits cartons que les passagers des avions doivent remplir à leur arrivée.
- pendant ce temps, une autre personne inspecte votre coque avec une caméra aquatique au bout d'une perche. Dans les papiers que vous remplissez ensuite, vous devrez préciser la date de votre dernier anti-fouling avec justificatif (facture). Le nôtre datait de février 2018.
Notre coque n'était pas nickel mais comme nous avions bien frotté au Minerva Reef, elle a passé l'inspection (nous avions frotté encore un peu après les photos et nous nous sommes mis à quai en privilégiant la coque la plus propre). Attention à ne pas oublier de frotter les hélices qui sont minutieusement inspectées.


Alors pour ce que vous avez à bord :
- les poubelles sont rassemblées dans un grand sac transparent. A noter que si vous avez fait le tri (ce qui est apprécié), on vous laisse la poubelle des recyclables à jeter vous même par la suite dans les containers appropriés.
- fruits, légumes frais et oeufs sont jetés.
- la viande (poulet, boeuf, porc ...) est jetée. Ça tombe bien : nous avions tout mangé, à part le poisson qui est autorisé. A priori, la viande néo-zélandaise, dans son emballage d'origine, serait tolérée (mais on ne peut confirmer puisque nous n'en n'avions pas). Les saucissons seraient aussi confisqués ... mais ça fait bien longtemps que nous avions mangé celui que nous avions !
- les laitages, compotes, beurre ne sont pas concernés
- les graines que je mets dans le pain comme le sésame, le chia, des graines de lin ... tout est passé.
- les légumineuses sèches (haricots, lentilles) sont jetés. S'ils sont encore dans leur emballage d'origine, ça peut passer.
- toutes les boîtes de conserve sont autorisées (même celles contenant de la viande : cassoulet, raviolis, petit salé aux lentilles ...). Le foie gras en conserve est autorisé aussi.
- côté alcool : 3 bouteilles d'alcool fort autorisées par personne . Je ne sais pas ce qui se passe en cas de dépassement puisque nous étions dans les normes.

Dans les non-comestibles :
- les coquillages : nous avons pu garder tous ceux que nous avions ramassés sur les plages. Il ne faut pas qu'il y ait de bêtes dedans, c'est tout. Les coquilles et carapaces (de crabe, d'oursin, les dollars des sables) ne posent aucun problème.
- pour le corail, il est toléré mais ne doit pas descendre du bateau (et ne doit pas être emmené en avion par la suite) par souci de protection. Les quelques bouts que j'ai à bord (ramassés déjà morts sur les plages) devront donc rester ici.
- les tressages végétaux "frais" (encore verts) sont interdits (mon éventail tahitien datant de 2012 ne posait pas de problèmes ainsi que nos paniers en osier, nos belles panières en bois des Marquises ...)
- les chaussures de randonnée doivent être propres. Nous n'avions pas de matériel de camping (sinon il faut juste le sortir pour inspection).
- j'ai appris, après coup, que si on a un aspirateur, il faut que le sac soit vide et propre (Appel d'air a dû le sortir pour inspection, et heureusement pas nous).

Il nous demande aussi si nous avons des bébêtes à bord (type cafards, fourmis ...) : je ne sais pas ce qui se passe si c'est le cas puisque nous n'en avons pas.

Les formalités se sont passées assez vite (moins d'une heure). Tout est abordé : l'accueil est chaleureux et professionnel. Et le bateau n'a pas été fouillé de fond en comble : les endroits où sont entreposés la nourriture, le frigo, le congélateur ... et un rapide tour général. C'est peut-être aussi parce que nous avions sorti tout ce sur quoi nous avions un doute et qu'une famille en voyage fait moins peur aux douanes.
Les douanes nous demandent aussi si nous comptons vendre notre bateau en Nouvelle Zélande : là tout de suite, non, mais on ne sait jamais. Pour le vendre par la suite, il faut leur demander l'autorisation et payer des taxes. En fait, en ce qui concerne les taxes, mieux vaut demander des éclaircissements à un broker. Si nous vendons effectivement notre bateau, je pourrai en dire plus. J'ai déjà appris que notre bateau peut rester 2 ans en Nouvelle Zélande mais s'il change de propriétaire, ce n'est plus le cas : les douanes accordent un délai (de quelques mois : cela dépend de la saison météo permettant de quitter l'île en sécurité, qui commence en mai) au nouveau propriétaire pour quitter la Nouvelle Zélande.


Papiers signés, nous sommes invités à enlever rapidement le pavillon jaune et à quitter le quai de quarantaine. Nous avons la chance d'avoir une place en marina (elle est bien remplie à cette époque) sinon on peut aussi se mettre au mouillage juste devant. Si vous arrivez tard, contactez la marina avant votre arrivée histoire d'assurer le coup.
Quelques jours plus tard, vous recevez par mail la "border clearance levy invoice" à payer : 68,68 dollars en ce qui nous concerne. Le paiement se fait par internet (et non par cash au bureau des douanes présent sur la marina).
Et vous voilà libre de circuler en Nouvelle Zélande ...

vendredi 22 novembre 2019

Journal de bord : Minerva Reef vers la Nouvelle Zélande

Journal de bord de la (looooongue) traversée du Minerva Reef vers la Nouvelle Zélande :


Jeudi 14 novembre : jour 1
Minerva Reef et ses tons de bleus nous aura fait rêver jusqu'au bout. Après une dernière baignade (combi intégrale pour Julien pour frotter la coque) et un repas à bord avec Appel d'air, (avec dégustation de foie gras, produit peut-être confisqué à l'arrivée, enfin on ne prend pas le risque !), nous appareillons pour la Nouvelle Zélande. La météo prévue n'est pas parfaite : nous devrions croiser des zones sans vent. Mais attendre encore ne nous garantit pas mieux et finalement, qui dit "zone de pétole" dit "mer calme" et ça me convient bien !
Le temps est au beau fixe avec 10/15 kt de vent.
Nous mettons le genaker à la sortie de la passe, éteignons les moteurs vers 16h ... presque 800 M à parcourir : c'est parti !!

La mer est calme, on avance bien et on fait bien attention d'éviter le reef qui se situe environ 20 M au Sud-Ouest de Minerva reef. Comme l'atoll que l'on vient de quitter, il dépasse à peine : on passera à côté sans jamais le voir (et là, on pense aux navigateurs d'antan et aux risques encourus, de jour comme de nuit !).
Julien ne mettra pas les lignes à l'eau : il se réserve cette activité pour occuper une autre journée. Appel d'air est parti en même temps et ils pêcheront un thazard de 12 kg !!
Les filles jouent sur le pont, regardent un dessin animé, dînent et au lit.
Julien prend le premier quart où le vent sera pendant un temps "parfait" en intensité et direction : avec le genaker, Lotus file à plus de 9 kt pendant 1h30. Il se régale !

Vendredi 15 novembre : jour 2

minuit à 3h : c'est mon quart et c'est tranquille. La lune est pleine et éclaire comme un phare. Pas une lumière à l'horizon, à part les étoiles. Nous avons perdu Appel d'air sur l'AIS et en visuel.
Lotus avance, sous GV et genaker, entre 5 et 8 kt car le vent varie en intensité.
7h : je relaie Julien. Le vent est bien tombé dans la nuit et on se traîne ... Allez, on enroule le genaker, on affale la grand voile et on installe le spi ... mais il ne tient pas avec 4 kt de vent changeant. Il faut se résoudre à allumer un moteur. Nous avons Appel d'air en contact VHF : ils sont au moteur aussi. A priori, le vent revient demain ...
10h30 : je réveille Julien. On a presque 10 kt de travers ... allez, on remonte la grand-voile et on met le génois. Bof ... En changeant un peu le cap, on peut remettre le genaker ... Allez on réenroule le génois et on rehisse le genaker.

11h15 : genaker et grand-voile, on avance à 5/6 kt. C'est autant que sur un moteur donc c'est bien ! Il fait beau, le soleil brille, la mer est calme avec quand même une grosse houle longue. Je fais un peu d'école avec Violette : son "évaluation artistique" du module 3. Pour faire simple : elle dessine, découpe, colle, colorie et peint.
L'après-midi passe doucement ... la mer se calme encore, le vent tombe, on ralentit ...
16h : le point : 140 M parcourus ... on n'est pas arrivés !
Mon mal de mer me laisse tranquille donc ce soir, c'est repas crêpes !
Je prends le premier quart jusqu'à 22h30 : RAS

Samedi 16 novembre : jour 3
Julien prend la suite et me réveille vers 1h30. Avec 6 kt de vent, on avance à 3/4 kt sur une mer tranquille avec GV et genaker. Le vent tombe encore pendant mon quart ... 3/4 kt ... mais les voiles restent gonflées et on continue à 2 kt ... puis 1 kt ...
A 4h30, je réveille Julien : nous avons un bateau loin devant (qui traîne aussi visiblement) et Appel d'air qui remonte doucement puisque je l'ai à l'AIS par intermittence. Lotus est presque arrêté.
Allez, on réenroule le genaker qui n'arrive plus à se gonfler et on allume un moteur.
8h00 : à mon réveil, le moteur tourne toujours. Nous ne sommes pas encore sortis de la bulle sans vent. Ah non ? En fait il y a 3/5 kt, de face ... mais ça ne change pas grand chose.
Les filles se lèvent et on bascule sur le moteur tribord.
Nous avons 2 bateaux sur l'horizon : Appel d'air, sur notre arrière bâbord et un autre, inconnu, sur notre tribord.
Le vent se réoriente correctement et avant d'aller faire une sieste régénérative, Julien déroule le génois ; Lotus avance à environ 6 kt, moteur et voile. Le vent faiblira encore et viendra de face rapidement : on roule le génois, on laisse la grand-voile.
Une journée très calme s'annonce : 570 M à parcourir encore. Que faire pour s'occuper ... du pain, l'école à Violette et Lilas, la sieste ... Le point positif, c'est que même moi, je ne suis pas malade !
16 h : le point 122 M/24h ! Je m'attendais à pire vu mon quart de nuit.
17 h : on arrête enfin le moteur et on avance doucement : GV et génois, 7/8 kt de vent, 3/4 kt de vitesse. Lotus est au près serré sur une mer calme avec une énorme houle longue de face.
Nous avons eu la chance de voir un banc de dauphins aujourd'hui, mais ils ne se sont pas approchés du bateau. C'était l'animation de la journée !
La pêche n'a rien donné : les poissons doivent penser que notre poulpe est malade vu sa vitesse ! De toute façon, on mange nos boîtes de conserve contenant de la viande : elles pourraient être confisquées à l'arrivée. Nos menus font rêver : cassoulet, raviolis, petit salé aux lentilles ... de la

grande cuisine !
Je prends le premier quart, jusqu'à 22h30. Le vent se maintient vers 8/9 kt et on avance à 4/5 kt. Appel d'air commence à réapparaître à l'AIS (environ 10 M derrière nous).
23h10 : Julien me réveille pour échanger le genaker contre le génois.
23h40 : il roule le genaker et allume un moteur car le vent a faibli et devient changeant.

Dimanche 17 novembre : jour 4
1h30 : je prends le quart, moteur toujours en route.
2h00 : c'est mon tour de réveiller Julien. Le vent a choisi sa direction et nous permet de mettre le genaker. Moteur éteint, Lotus glisse tranquillement entre 6 et 7 kt (10/12 kt de vent)
4h30 : Julien prend la suite.
8h00 : nous avançons toujours sous genaker mais entre 5/6 kt, avec environ 10 kt de vent. Julien a évité un voilier cette nuit : même direction mais caps convergents. Nous sommes passés 100 m à côté en sécurité après contact VHF.
Pas de contact avec Appel d'air ce matin.
Restent environ 450 M ... 3 jours à 150 M ... Lotus en est largement capable si le vent daigne forcir un peu !

L'après-midi, Julien se rend compte qu'un chariot de la grand-voile est sorti du rail. Il faut affaler (on passe de 5 kt à 3 kt de vitesse) pour faire une réparation de fortune. Tout se passe bien sur une mer toujours tranquille (forcément, avec 10 kt de vent, elle reste calme !) et on rehisse rapidement la grand-voile.
17 h : le point 122 M encore. On aura rarement eu une moyenne aussi basse ... avec une navigation aussi paisible !
Les filles s'occupent : un dessin animé, le goûter, un tour de balançoire ...
Le vent commence à s'orienter Nord Nord Est : nous restons au genaker pour le début de la nuit.
Julien me relaie à 23h30.

Lundi 18 novembre : jour 5
A 1h30, je ne tiens plus et je me lève : la grand-voile fait du bruit en se gonflant/dégonflant ! Le vent vient de l'arrière pour 8/9 kt ... On est parti pour un changement de configuration : on affale le genaker, le spi est mis en place. Julien a amélioré le système de la chaussette en positionnant la poulie à l'extérieur (le tissu de la chaussette avait tendance à se prendre dedans et à la bloquer) : elle glisse bien jusqu'en haut. Il ne reste plus qu'à affaler la grand-voile. Malgré notre "grand" spi, pas de miracle : avec 8 kt de vent, c'est à 3/4 kt que nous avançons mais en silence !
A noter que les températures la nuit ont bien baissé : jogging, polaire, chaussettes ... Julien ne va pas tarder à mettre son bon
net !


4h30 – 7h30 : RAS pendant le quart de Julien
La journée s'annonce ensoleillée et calme : "rafales" à 10 kt, vitesse 4 kt ... c'est une navigation monotone ... mais paisible.
9h20 : contact VHF avec Appel d'air, derrière mais pas si loin !
La journée se déroulera sans accroc : le spi asymétrique nous permet d'avancer tranquillement. Le vent s'orientant bien Nord, nous le changeons juste de côté.
16h30 : le point 103 M/24h ... pas si mal étant donné le peu de vent, et sans moteur.
Les journées se rallongent et le soleil se couche vers 19h15 maintenant, heure où les poissons mordent ! Un premier poisson se décrochera mais Julien remonte le deuxième. C'est une petite bonite. Nous l'aurions bien relâchée, vue sa taille, mais pas moyen d'enlever l'hameçon. Elle sera donc à notre menu demain.
Les filles profitent que le groupe électrogène fonctionne (je fais cuire le pain et le desalinisateur tourne) pour jouer à la Wii avant de regarder un dessin animé.
Je prends le premier quart avec un vent qui reste au-dessus des 12 kt ! Lotus accélère (enfin !!) à 7 kt.
Nous savons déjà que ça ne va pas durer : un contact avec Appel d'air (qui prend la météo par iridium) nous confirme que 2 jours de pétole s'annoncent ... J'espère juste que le spi tiendra toute la nuit : marre de changer de voile en pleine nuit !
23h30 : Julien prend le relais

Mardi 19 novembre : jour 6
2 h : à mon tour. Il y a des nuages et des petits grains autour ; le radar est allumé par précaution. Je vais chercher Julien 20 minutes plus tard : le vent est perturbé par les petits grains et il fait la girouette. Le spi est en vrac ! On allume un moteur et on descend la chaussette du spi. Le vent revient, on remet en place le spi puis Julien retourne se coucher. Il y a des éclairs au loin ... Lotus avance à 8 kt ! Et puis le vent retombe ... Juuuulien !! Chaussette redescendue, on attend un peu histoire de voir si le vent revient ... Allez on le rehisse ... ça tient ... mais pas longtemps !
La mer s'agite un peu : on se fait brouetter, le spi claque ... on jette l'éponge à 4 h du matin : spi affalé, on continue au moteur. Quel quart de m.... !

5 h : mon lit m'appelle. Julien, croyant à un retour du vent, mettra en place le genaker pendant son quart ... et le réenroulera bien vite !
Ce matin, la mer est toujours un peu agitée et le vent changeant. Comme Appel d'air, 10 M derrière, nous sommes au moteur. La journée est ensoleillée et il reste 225 M à parcourir : arrivée certainement jeudi matin à ce rythme.
Incurables optimistes, nous réinstallerons le genaker en attendant que le vent revienne ... on se fait une raison dans l'après-midi quand le peu qu'il y a tourne au sud, et nous rangeons le genaker. A la place, Julien hisse la grand-voile ... enfin il essaie et la réparation faite hier ne tient pas ! Le voilà de nouveau à bricoler une solution de secours. Ce chariot de grand-voile était sur notre liste de travaux à effectuer, ça se confirme donc !
La grand-voile est finalement hissée et avec le génois, Lotus avance enfin à la voile ... mais pas pour longtemps puisque le vent disparaît : plus une risée sur l'eau ! Nous naviguons donc le reste de la journée au moteur. Les filles jouent à la Wii, Julien change notre patte d'oie et moi, je tiens ce journal, compile les films ...
17h : le point 113 M parcourus ... ça n'en finit pas !
A noter que l'eau est maintenant à 17°C et pleine de petites méduses ! En même temps, il ne fait pas assez chaud pour avoir envie de se baigner 
Le vent n'est toujours pas revenu à la tombée de la nuit. Mon premier quart au moteur est tranquille.
A 22h30 : il y a enfin du vent ... mais Sud-Sud-Ouest : donc qui vient comme par hasard de notre destination ! Normalement, il devrait tourner Sud Ouest puis Ouest demain. Nous commençons donc à tirer un long bord vers l'Ouest, à la grand-voile et au génois.

Mercredi 20 novembre : jour 7
00h30 : la mer commence à bien se former et une vague qui claque sous la plate-forme me réveille. Je prends la suite.
A 2h30, le vent a forci et on dépasse les 20 kt en rafales. Par sécurité, Julien décide de mettre un ris dans la grand-voile ... qui refuse obstinément de descendre ! Après presque une demi-heure de bataille, nous rentrons nous mettre au chaud dans le cockpit : le vent nous a frigorifié sur le pont.
3h00 : bon, on reste GV complète : le vent prévu doit, de toute façon, baisser.
7 h : à mon réveil, le vent n'a pas varié (zut alors !) et nous longeons toujours le 33ème parallèle sud. Ça ne nous rapproche pas vraiment de notre objectif !

Lotus avance bien malgré une mer hachée maintenant. On s'était habitué au confort des jours précédents ... Heureusement, l'arrivée n'est pas si loin. On devrait toucher terre demain : à Whangarei si on peut, à Opoa (50 M avant) s'il faut, avant la tombée de la nuit. Je rêve d'une nuit de sommeil complète !
9h45 : virement de bord, cette fois nous allons vers la NZ. Julien profite de la manoeuvre pour essayer de descendre la grand-voile. Il bataille et c'est un succès : nous avons donc maintenant un ris dans la grand-voile, parés en cas de coup de vent. Nous suivons une route parallèle avec un voilier sur l'horizon. Evidemment, maintenant, le vent oscille entre 10 et 15 kt : nous ralentissons ...
16h30 : le point 141 M/24h en tout, mais seulement 115 M en ligne droite.
Il nous reste 140 M à faire pour la pointe sud de Whangarei, 100 M pour Opua ...
L'eau est à 14°C maintenant, le fond de l'air est frais mais heureusement, nous avons eu un beau soleil toute la journée. Julien, en jogging et polaire, bataille avec Lilas pour qu'elle s'habille un peu mais miss Culotte n'en démord pas : elle n'a pas froid !
Dans la soirée, la décision est prise : ce sera Opoa ! Evidemment, le vent tourne peu à peu au SW nous déviant de notre trajectoire : un bord s'annonce, voire 2 ! Le vent passe de 15 à 20 kt en fin de journée avec des rafales à 25. Julien est content d'avoir réussi à mettre un ris dans la GV ! Avant de me laisser à mon premier quart, on met aussi un ris au génois.
22h30 : j'ai remis le génois complet pendant mon quart. La mer est hachée et nous secoue parfois. A Julien !

Jeudi 21 novembre : jour 8
1h30 : nous profitons de la relève de quart pour virer de bord, le vent étant passé presque Sud et comme il a de nouveau forci, on laisse un ris au génois. La nuit est nuageuse et bien noire.

Nous sommes au près serré, sous le mode "VENT" du pilote automatique : il ne maintient pas un cap mais un angle au vent et c'est bien pratique ! Avec 20/25 kt de vent, Lotus remonte à 8/9 kt en se heurtant parfois aux vagues. Certaines inondent la plate-forme avant, d'autres (heureusement plus rares) claquent et passent par dessus le bimini.
Pas de tout repos cette nuit !
4h00 – 7h00 : RAS pendant le quart de Julien.
Nous sommes à 30 M de l'entrée de la "bay of islands" où se trouve Opoa ... 30 M en ligne droite, ce qui n'est pas possible avec le vent et la mer dans le nez donc nous y allons mais en tirant des bords.
Actuellement, nous nous rapprochons de la côte, en espérant que la mer se tasse un peu.
Pas de contact avec Appel d'air à la VHF. On capte la météo de la Nouvelle Zélande ... et on n'y comprend pas grand chose, à part la force du vent : 15 kt (on a 25 kt !) et la houle de 1 à 1,50 m (on a un peu plus et bien hachée).
La journée s'annonce encore bien ensoleillée : ciel clair, Nouvelle Zélande en vue ! On arrive aujourd'hui, youpi !!
9h00, on vire de bord ... toujours pas de cap direct ...
9h30 : le vent faiblit vers 15 kt, Lotus se traîne ... Si on continue à la voile, on arrivera de nuit ! Ras le bol : on allume les moteurs, on roule le génois, on affale la grand-voile et on fait cap direct. Arrivée estimée vers 15h.
13h : on arrive enfin à contacter la "maritime radio" sur VHF 16 pour prise en compte de notre arrivée à Opoa. C'est par leur intermédiaire que les douanes sont prévenues de notre arrivée.
Nous sommes dans la baie, la mer est calme maintenant, le vent toujours à 20 kt de face. Julien prépare les défenses et amarres pour notre accostage. Je prépare sur la table du carré tout ce qui pourrait "ne pas passer" auprès des douanes. Les filles sortent avec réticence leurs coquillages : on verra s'ils les confisquent ou non.
Appel d'air devrait arriver peu après nous puisqu'on les entend à la VHF maintenant.
Le paysage est vert, pas tropical du tout : la couleur de l'eau change aussi. Le bleu profond et bleu turquoise a laissé la place au vert ... et l'eau est à 13 degrés !! Fin des baignades pour un bon moment ! Julien rajoute une veste polaire à son pull polaire : le vent est froid ... brrrr ! Est-ce que c'était vraiment une bonne idée la Nouvelle Zélande en bateau ?
Point à l'arrivée : 130 M/24h effectués.
15h30 : nous sommes amarrés au quai de quarantaine à la marina d'Opoa.
16h30 : formalités ok (j'en parlerai dans un autre article). Pendant ce temps, les filles faisaient de la trottinette sur le le quai ... et Lilas a fait tomber la sienne dans l'eau ! 7 m de fond, du courant, pas de visibilité et surtout, l'eau est à 13° !! Bon. je me motive (parce que Julien ne l'envisage même pas) et j'enfile mon lycra pour essayer de la récupérer. Ce sera un échec : j'ai touché le fond sans le voir, en étant décalée à cause du courant.


Après cette baignade revigorante, nous quittons le quai de quarantaine pour rejoindre notre place de port et nous touchons enfin terre.
Appel d'air, arrivé une heure après nous, a fini ses formalités et est parti mouiller. Il aura une place de port le lendemain.

Distance parcourue : 871 M en 7 jours complets, soit 124M de moyenne.
1 petit poisson pêché (en même temps, nous n'avons mis les lignes à l'eau qu'une journée)
44 heures de moteur : ils n'ont jamais autant tourné !












jeudi 21 novembre 2019

Navigation vers le Minerva Reef

Jeudi 7 novembre : réveil 6h pour partir tôt de l'Ouest de Tongatapu. Julien compte sur une moyenne de 8 kt (optimiste ?) pour arriver au Minerva Reef demain avant la nuit.
Euh ... il y a une grosse barre noire sur l'horizon qui vient vers nous ... on attend que ça passe ? On s'accorde le temps de la réflexion en petit déjeunant. Il bruine mais le vent reste faible ... allez, on y va !
7 h : appareillage.

La grand-voile est hissée face au vent dans le lagon : comment se fait -il qu'il vienne du Nord Est le vent ? Il est prévu Est-Sud-Est ! On se dégage des récifs au moteur,
n
 le vent est plein arrière ! Grand spi ou petit spi ? Les gros nuages gris nous font hésiter un moment : le vent reste stable vers 15 k ... allez on hisse le grand spi, et on surveille !!

Derniers messages sur internet pendant qu'on est assez prêt des côtes. Prochaine connexion : en Nouvelle Zélande dans ... 10 à 20 jours !
8h30 : le vent s'oriente mieux mais il est encore instable, gêné par l'île (pourtant basse) de Tongatapu. La vitesse oscille entre 5 et 8 kt. La mer est encore calme pour l'instant mais le vent est irrégulier, en force et direction : Julien râle (je ne râle pas, je manifeste mon mécontentement...) !
Violette est tranquille dans le carré, Lilas dort encore.
Je profite du calme pour fignoler les coutures d'une des bâches qui protègent le carré.
8h45 : 3 à 5 kt de vent seulement ... nous descendons la chaussette du spi qui ne se gonfle plus et on allume le moteur. C'est la loose !
Violette ne coupe pas à l'école mais n'y met pas de la bonne volonté. Grrr !!
11h00 : Julien craque et descend la grand-voile (qui ne sert pas à grand chose sans vent et qui se ballade). Le soleil est revenu ... on attend le vent maintenant ! Je fais du pain et des gâteaux au chocolat (essentiels pour garder le moral !) et je lance une machine à laver.
11h25 : 7/8 kt de vent ... allez, on tente le spi ... il tient ! Notre moyenne n'est pas glorieuse pour l'instant. On se traîne à 3/4 kt !
12h45 : le vent revient pendant le repas. Julien hisse la grand-voile au complet. Avec le spi, on avance enfin : 7, 8, 9 kt !! Enfin !! Arriverons nous de jour à Minerva Reef demain, telle est la question ?
Lilas joue à la wii, Violette fait la sieste dans le cockpit et moi, je déguste un gâteau au chocolat avec mon thé. Maintenant qu'on avance, Julien a le sourire et part occuper son poste préféré : à la pointe avant.


16h00 : il reste 200 M à parcourir pour arriver au Minerva Reef ... allez, on visualise un vent constant et une arrivée de jour ! Nous subissons une énorme houle de travers mais Lotus glisse sans faiblir sur les flots. Pas (encore) de poissons mais on y croit ! Julien est passé sur la jupe arrière ("sugar scoop" en anglais : c'est grâce à Zimovia que l'on sait ça !).

17h30 : POISSON !! Cela faisait un moment que je voyais des oiseaux autour de nous. Nous n'avons mis que la ligne de traîne donc pas besoin de ralentir. Julien remonte la ligne avec les gants : pas si facile à 8 kt. C'est un beau thon : le plus gros qu'on ait réussi à pêcher ! Plus de 10 kg ! Il occupera Julien un bon moment avant de finir en filets.
Le vent est toujours Est-Nord-Est au lieu du Est-Sud-Est annoncé ... dur de tenir le cap avec la grand-voile.
Au repas du soir, poisson et restes variés.
Je commence le quart jusqu'à 21h ; Julien prend la suite jusqu'à minuit. Entre le spi qui se dégonfle parce qu'il est déventé par la grand-voile et celle-ci qui bat car le vent est trop arrière, je n'ai franchement pas bien dormi. Le vent ne veut pas tourner, autant se faire une raison : on affale la grand-voile et on met un cap direct, avec seulement le spi. Nous avançons à 7 kt environ avec 13/15 kt de vent ... pas assez pour espérer arriver de jour mais

en tout confort puisque plus rien ne claque ou ne bat.

Vendredi 8 novembre :
Minuit – 3h : RAS pendant mon quart. La lune est bien présente et la visibilité est bonne. Lilas vient me rejoindre dans le carré.
3h – 7h : le quart de Julien, RAS
8 h : il reste 95 M à parcourir ... arrivée de nuit donc. On verra si la lune éclairera assez pour qu'on tente l'entrée au Minerva Reef de nuit, sinon il faudra attendre le matin pour mouiller.

La journée passe doucement : nous ne mettons pas les lignes à l'eau car le congélateur est plein. Le vent n'est toujours pas décidé à s'orienter comme prévu. Il forcit doucement : 20 kt ...
on garde le spi. Le soleil se couche mais la lune éclaire bien. Nous arrivons à 12 M du Minerva Reef : on voit les lumières de mouillage d'une quinzaine de voiliers et nous contactons Appel d'air. Ils sont arrivés ce matin. La passe est étroite et pas conseillée de nuit.
Nous affalons le spi (difficilement : maintenant il y a 25 kt de vent !) et nous nous rapprochons de la passe vers 22h30 pour voir si c'est possible ... mais on ne voit rien à 0,2 M ... Allez, restons raisonnables : il faut se résoudre à passer la nuit à attendre. Ce n'est pas agréable mais il faut relativiser : c'est la première fois que ça nous arrive !
Nous faisons donc des aller-retour derrière le récif avec un tout petit bout de génois pour aller le plus lentement possible. L'abri est tout relatif car le Minerva Reef n'est qu'un récif circulaire de 3 M de diamètre dont la barrière de corail dépasse à peine.

Samedi 9 novembre
A 6h du matin, le jour est bien levé : nous nous avançons au moteur dans la passe. La carte Navionics est bien calée et en restant au milieu, nous passons tranquillement et rejoignons le calme du lagon (avec 25 à 30 kt de vent !). Il nous faut près de 40 minutes pour traverser et venir mouiller dans 3 m d'eau, à côté d'Appel d'air et Zimovia, pas mécontents d'être au calme ! Je compte
23 voiliers dans le lagon dont la plupart au Nord de notre position.



Vers 9h30, Cathy passe sur Lotus : Violette fait école, Julien dort, Lilas joue. Je repars avec elle (en laissant Julien dormir) : au programme, monter à bord de Zimovia qui va aller mouiller près de la passe. C'est l'occasion d'un joli snorkeling dans la passe et à l'extérieur du lagon. L'eau est frisquette : 22° "seulement" ! Garett a prévu une longue pique au cas où et elle servira à repousser deux requins gris qui cherchaient à nous intimider. Les poissons sont colorés et énormes ! Ce sont les poissons coralliens habituels mais en 3 fois plus gros ! Malgré une recherche poussée, Nicole ne trouvera pas de langoustes.

De retour au mouillage avec Zimovia (en dégustant au passage des "nachos" à l'américaine : des chips type tortillas avec des haricots rouges, des bouts de poulets et du fromage, quelques secondes au micro-ondes ... pas diététique mais très bon !), je rejoins Lotus.
L'après-midi, le vent souffle bien, les autres bateaux kitent ; Julien sort sa planche mais il n'arrivera pas à gréer sa voile : le système pour bloquer le mât se retourne et pas moyen de le remettre correctement. Dans la bataille, il fera un trou dans la voile ... et il jettera l'éponge. Pas de planche à voile aujourd'hui !
Il se consolera le soir : nous sommes invités sur Zimovia pour déguster des hamburgers faits maison (pain compris !) et on se régale. Luxe suprême (quand on considère qu'on est loin de tout, au milieu d'un atoll corallien) : chaque hamburger est garni de fromage, tomates et salade ! Et le dessert n'est pas en reste : brownie au chocolat (Zimovia), crème au caramel (Appel d'air) et gâteau bananes-chocolat (Lotus) ... On comprend mieux pourquoi on ne maigrit pas sur un bateau !
Chaque bateau fait le compte de ses réserves alimentaires : il y a certains produits que la Nouvelle Zélande ne tolère pas et qu'il faut avoir fini avant d'arriver sous peine de confiscation (et c'est quand même dommage !) :
- tous les produits frais (pas difficile de tout finir avant d'arriver)
- toute la viande à bord (ça devrait aller aussi) ; heureusement, le poisson est toléré car notre congélateur en est plein !
- les oeufs
- le maïs (pour le popcorn !)
- le miel (on l'a déjà tout mangé à bord de Lotus)
- les boîtes de conserve contenant de la viande genre cassoulet, raviolis, petit salé aux lentilles ... (enfin ça, on n'est pas tout à fait sûr)
- les pâtés, foies gras, saucisson ...
L'objectif est de ne rien gâcher 

La minute culturelle :
Les récifs de Minerva, territoire de la République de Minerva brièvement indépendante en 1972, sont un groupe de deux atolls issus de volcans sous-marins endormis dans l'océan Pacifique, au sud des îles Fidji et Tonga. Leur nom vient du baleinier Minerva parti de Sydney en 1829 qui s'est échoué 

sur le récif au sud.
La République de Minerva est l'une des rares tentatives modernes à fonder une micro nation souveraine en créant depuis ces récifs une île artificielle en 1972. L'architecte est Michael Oliver, promoteur immobilier millionnaire à Las Vegas, qui fera d'autres tentatives au cours de la décennie suivante. Il forme un syndicat, Ocean Life Research Foundation, qui réunit cent millions de dollars pour le projet et a des bureaux à New York et à Londres. Il prévoit de fonder une société libertarienne « sans impôts, assistance, subvention ou n'importe quelle forme d'interventionnisme ». Outre le tourisme et la pêche, la nouvelle économie consisterait en industrie légère et du commerce.
En 1971, des barges chargées de sable arrivent en provenance d'Australie, ce qui porte le niveau de récif au-dessus de l'eau et permet la construction d'une petite tour où flotte le drapeau de l'état. La République de Minerva déclare son indépendance le 19 janvier 1972, adresse des courriers aux pays voisins et émet sa propre monnaie. En février, Morris C. Davis est élu provisoirement président.
La déclaration d'indépendance est accueillie avec beaucoup de méfiance par d'autres pays de la région. Une conférence des États voisins (Australie, Nouvelle-Zélande, Tonga, Fidji, Nauru, Samoa et le territoire des Îles Cook) se tient en 1972 ; durant celle-ci, Tonga réclame les récifs de Minerva, ce à quoi consentent les autres pays. Une expédition des Tonga vient appuyer cette réclamation et enlève le drapeau de la République. En 1982, un groupe d'Américains mené de nouveau par Morris Davis essaie d'occuper les récifs, mais est expulsé par les troupes de Tonga après trois semaines. Au cours des dernières années, plusieurs groupes auraient cherché à rétablir la république. 

Ces récifs inhabités, qui dépassent à peine de l'eau, sont aujourd'hui encore très convoités et sources de conflit entre Tonga et Fidji.

Dimanche, le vent s'est un peu calmé : l'occasion de faire voler le drone dans ce paysage fabuleux. On en prend plein les yeux avec toutes ces nuances de bleu. Après l'école du matin, et le sport avec Cathy, Julien et moi allons faire un tour sur le platier.

La journée se termine par un repas commun sur Lotus : Appel d'air fournit la plancha pour une

dégustation de thon accompagné de diverses salades. Nous sommes 18 à bord : 10 adultes (Appel d'air, Zimovia, Slingshot et nous) et 8 enfants ! Nous finissons la soirée repus (chaque bateau avait amené un gâteau en dessert !) et sous la pluie (heureusement, les toiles bleues offrent une protection correcte contre la pluie !
Le lendemain, c'est lundi 11 novembre. La marseillaise retentit à bord ! Non la Marine ne me manque pas : c'est Lilas, qui a adopté cette chanson (enregistrée par Violette au premier module du CNED) pour nous prévenir qu'elle a fini la grosse commission aux toilettes et qu'elle apprécierait qu'on vienne l'aider ...










Le matin, comme la nuit, est pluvieux : nous récupérons une centaine de litres d'eau et Julien en profite pour briquer le cockpit.
L'après-midi est ensoleillé ; après un tour sur le platier pour que les filles se défoulent, nous continuons à briquer, mais sous l'eau cette fois.






Pendant ce temps, Appel d'air est venu se mettre à couple de Zimovia : ils veulent tous les deux un cata, eh bien c'est fait ! En fait, Appel d'air doit aussi briquer sa coque et leur quille qui plonge à 2,10 m est dure à frotter en apnée.
Heureusement, Zimovia a un petit compresseur à bord qui alimente un tuyau de plongée.
Le soir, c'est réunion à bord du catamaran expérimental ! Nous dégustons des crêpes bretonnes préparés par Seb et cuisinées sur la plancha. Zimovia n'est pas en reste car Nicole a pêché une denrée rare : 3 langoustes !! Encore une bonne soirée !
L'étude de la météo n'est pas concluante : sur le parcours, il y a une grosse bulle sans vent qui nous obligerait à faire beaucoup de moteur ! Et de jour en jour, elle se déplace, grandit ... Zimovia songe à partir mardi dans la journée, faire du moteur ne le dérangeant pas du tout. Pour nous ... il faudra prendre une nouvelle météo plus tard.

Zimovia est parti mardi 12 novembre dans la matinée. Nous restons encore un peu : grattage de coques, école, balade sur le platier, apéro avec Appel d'air ... le départ se profile même si la météo nous promet une "bulle" de pétole sur le trajet. Nous n'allons pas attendre une météo "parfaite" et celle qui se profile paraît au moins sans danger.
Minerva Reef est la dernière escale "tropicale" même si la température de l'eau est redescendue à 23/24 degrés (heureusement, près du platier, elle est encore à 26/27 degrés). Nous savourons les derniers instants les yeux dans les dégradés de bleus. La Nouvelle Zélande sera une escale différente : plus axée sur la terre que sur la baignade (parce qu'il faudra l'envisager avec combinaison !). La fin du voyage ? Peut-être ...
Allez, voilà le Minerva Reef en film pour ceux qui en veulent plus :




mardi 5 novembre 2019

Escale près d'un volcan tout neuf


Lundi 4 novembre, nous partons vers le volcan Hunga, à 35 M de là. Nous avons 3 invitées à bord : Nicole (de Zimovia) et Cathy avec Noémie (d'Appel d'air). Elles veulent découvrir la navigation à bord d'un catamaran. Les conditions sont bonnes et après avoir hissé la grand-voile (Cathy découvre à cette occasion que notre voile fait au moins 50 kg de plus que la sienne et que c'est plus dur à hisser !!) et le genaker, nous rattrapons peu à peu Appel d'air puis Zimovia. Les 2 lignes de pêche sont à l'eau et une petite bonite mordra à l'hameçon à temps pour être dégustée à midi.
Julien aura des spectatrices admiratives durant toute la traversée : il remonte l'ancre, s'occupe des voiles, pêche, nettoie, vide et cuisine le poisson, épluche les patates, fait des acrobaties sur le bout dehors pour arranger l'enrouleur du genaker qui a fait des siennes ... tout ça avec le sourire : c'est "l'homme parfait" !
Cathy s'activera aussi en cuisine pour nous préparer un gâteau au chocolat en suivant une recette de Nicole (sans oeuf, sans chocolat ... et le résultat est étonnamment bon), tout ça en avançant paisiblement à 9 kt. On est quand même bien sur un catamaran !
Nous arrivons en même temps que Zimovia (non, avancer au moteur n'est pas "tricher" quand on est américain. Et Nicole renchérit : être un tricheur premier est préférable à un honnête deuxième !) Go Zimovia, go !!


La minute culture : le volcan Hunga Tonga fait partie de l'arc volcanique Tonga-Kermadec. Le volcan lui-même est un volcan sous-marin ; les deux îles de Hunga Tonga et Hunga Ha'apai sont les parties émergées de son cratère. Il est entré en éruption en 2009. À la suite de l'éruption survenue entre le 20 décembre 2014 et le 19 janvier 2015, un cratère a émergé entre deux îles qui forment la caldeira du cratère principal. Les énormes volumes de roches et de cendres crachés par le volcan, ont raccordé le cratère aux deux îles.
Et voilà comment apparaît un mouillage protégé du vent du sud ! Nous mouillons par 15 m de fond, près de la plage mais en restant raisonnable car il y a une grosse houle qui pénètre dans la baie.
Le débarquement en annexe sur la plage sera d'ailleurs sportif : moteur moitié relevé, nous suivons l'exemple de Zimovia qui beache avec de la vitesse ! Il faut bien viser pour arriver avec la vague ! Appel d'air s'en tira avec les honneurs aussi mais ils ne remonteront pas assez haut leur annexe sur la plage. Punition immédiate : leur annexe est prise dans les remous d'une vague et remplie d'eau et de cailloux !!
Après les avoir toutes hissées bien haut sur la plage, nous partons à l'assaut du jeune volcan. On pourrait penser, de loin, que l'on peut facilement grimper en haut. En fait, les parois sont parsemées de crevasses plus ou moins large et la roche est friable (ce sont des couches de cendres superposées). L'ascension est donc plus que déconseillée ! Heureusement, nous pourrons admirer le centre du cratère sans problème, la caldera étant ouverte vers le sud. Personne ne se baignera dans le lac central par mesure de sécurité (mais Julien a "goûté" et cela semble être juste de l'eau salée. A cette heure, il ne présente aucun symptôme inquiétant !).

D'ailleurs aujourd'hui, la baignade n'est pas tentante : 20 kt de vent du sud, ça refroidit bien l'atmosphère ! Allez, on rentre se mettre au chaud sur nos bateaux. Il faut juste réussir à quitter la plage correctement. Zimovia se lance entre 2 vagues et c'est un succès. A notre tour : Julien donne le signal au bon moment et le moteur démarre bien. Nous attendons Appel d'air ... dont le coupe-circuit s'enlève : le temps de le remettre, leur annexe est rejetée sur la plage (et de nouveau remplie de cailloux et d'eau !) quant à Cathy et Seb, ils se sont baignés ! Plus de peur que de mal, le deuxième essai sera le bon !
Le lendemain, nous nous lançons dans le tour du volcan : une bonne petite marche, histoire de nous dégourdir les jambes. Du côté sud, il faut longer la plage, au pied de falaises impressionnantes ... nous ferons cette partie au pas de course : la marée monte et les vagues viennent parfois lécher le pied des falaises.


En fin d'après-midi, tout le monde se réunit sur Lotus : étude sérieuse de la météo entre équipages. Zimovia compte partir le lendemain direct pour les récifs Minerva et y attendre la première fenêtre météo correcte pour la Nouvelle Zélande. Appel d'air hésite ... et finalement décidera de nous suivre pour une dernière étape à Tongatapu.
Nous appareillons de bonne heure mercredi. Le vent est Est-Sud-Est pour environ 20 kt : nous sommes donc au près très serré pour l'Ouest de Tongatapu. Après 1h30 de navigation, Appel d'air nous contacte : ils vont virer direct vers les récifs Minerva car la navigation n'est pas confortable pour eux. Nous persévérons et arrivons vers 13 h dans un mouillage bien protégé, derrière un petit îlot. Pas de jolie plage mais l'eau est claire et nous avons internet. Séance nettoyage de coque cet après-midi, mise à jour du blog (en cours), téléchargement de la météo, rangement, école ...
Nous rejoindrons Appel d'air et Zimovia au Minerva Reef (à 240 milles nautiques) dans un jour ou deux.

Et voilà un petit film "résumé" :