mercredi 6 mars 2019

En route vers Amanu

Le vendredi 22 février au soir, ça discute sévère sur les bateaux : une fenêtre météo se dessinerait pour un retour vers les Tuamotus. Le vent serait correct en partant demain ... Les Gambier c'est bien mais l'eau est plus chaude aux Tuamotus et après 1 mois et une semaine, on se sent prêts à repartir.
La nuit porte conseil. Violette en profite pour faire une dernière soirée pyjama avec Elise de Zingaya. Le lendemain matin, le départ se précise. La fenêtre météo n'est pas fantastique mais la prochaine ne sera pas avant une semaine ... allez on y va !!

Samedi 23 février ; Avant le départ, nous faisons un petit tour rapide dans le charmant et tout petit village d'Akamaru, le temps d'un petit ravitaillement en citrons. Je tente aussi quelques pamplemousses, même si jusqu'ici, ils n'ont rien à voir avec les bons pamplemousses des Marquises !
Nous suivons 6Gone et Fakarêver dans le zigzag (la marée basse n'est pas loin, le sondeur descend jusqu'à 1,1 m !), après avoir dit au-revoir à Zingaya à qui la fenêtre météo ne permet pas de rejoindre les Marquises. Ils vont s'attarder encore un peu.
Nous arrivons vite dans la passe de sortie des Gambier : la grand-voile et le genaker sont hissés.


Les conditions de mer sont bonnes avec un vent de 12 à 15 kt du 90° au 120°. Lotus glisse derrière 6Gone que l'on rattrape peu à peu, jusqu'à ce qu'il hisse son genaker (à peu près 2 fois plus grand que le nôtre).
Pendant ce temps, j'ai fait du pain, une quiche et des gâteaux au chocolat (pour le moral de l'équipage). A son habitude, Lilas s'est endormie en début de navigation.
Vers 14h, on entend un grand bruit ... comme ... une grand voile qui descend toute seule le long du mât ! Ah ben zut, c'est bien ça !
Après vérification, c'est la poulie qui a cassé. Et évidemment, la drisse est tout en haut du mât et refuse de descendre toute seule.
Il va falloir monter au mât ! Normalement, c'est avec la drisse de grand-voile que je hisse Julien en haut du mât ...


Bon, il reste la balancine : on pose la bôme sur le bimini et on prend un cap qui met la mer de l'arrière (parce que mine de rien ça bouge et là haut, avec la hauteur du mât, ça va être sportif ! Julien s'installe dans sa chaise de mât et je le hisse au winch. Il mettra un certain temps à réussir à redescendre avec la poulie. Pendant ce temps, les filles s'amusent dans le cockpit.
Bon, reste à changer la poulie maintenant. Un jeu d'enfant ? Eh bien non : les poulies Lewmar ne sont pas démontables (marque Lewmar) : quelle aberration ! Pour enlever la drisse de la poulie, il faut :
- soit remonter en haut du mât, défaire le noeud qui tient la drisse, enlever la poulie cassée, en mettre une nouvelle et refaire le noeud ;
- soit détruire la poulie à coup de marteau pour sortir la drisse.
Julien est encore un peu vert de sa précédente montée et choisit la 2ème option.
30 minutes plus tard, tous les noms d'oiseaux y sont passés et la poulie est en miettes mais il reste encore la partie métallique qui tient le coup. Julien finira à la scie à métaux : 45 minutes pour dégager la drisse de la poulie !

Le remplacement par une poulie (qui elle se démonte !!) est rapide.


La manoeuvre suivante est plus simple : on allume les moteurs, on roule le genaker (pour retendre le cordage qui le tient en bas), on se met face au vent pour remonter la grand-voile et enfin, on renvoie le genaker !
Ça y est, Lotus reprend de la vitesse ! Il est 16 h : et après on dit que la plaisance c'est de tout repos !!

Pendant ce temps, 6Gone a tracé la route, on ne voit plus que sa voile sur l'horizon et Fakarêver nous a rattrapé, mais nous sommes à nouveau dans le coup ! Espérons que ce sera la seule péripétie de cette navigation de 450 Milles qui nous emmène vers Amanu (atoll près de Hao), chaudement recommandé par Appel d'air.



Le dimanche 24 février au matin, Julien m'attendait pour affaler le genaker et hisser le spi. Le vent se maintient entre 8 et 10 kt. Avec le spi (et sans la grand-voile qui battait trop), on se traîne à 4/5 kt. 6Gone, qui avait diminué sa voilure pour la nuit, est encore à portée de VHF, donc pas trop loin devant.
En début d'après-midi, le vent remonte vers 15 kt et se réoriente un peu : Julien hisse la grand voile pour gagner en vitesse : 6/7 kt maintenant. Notre réparation de fortune sur le spi tient le coup ...
Les filles s'occupent entre jeux, télé et tablette : après tout c'est dimanche ! Au menu à midi : pommes de terre et steak haché. On aurait préféré manger du poisson mais nos lignes ne donnent rien ... (Fakarêver a pris un thasard d'un mètre hier : on est jaloux !!)

Le vent tombe pendant la nuit ... et s'oriente Sud-Est ... il faut "empanner" notre spi asymétrique pour continuer à avoir un cap correct. Dans la matinée, on fera la manip inverse, le vent ayant encore tourné.
Lundi 5 février : 6Gone et Fakarêver sont en fréquence : ils sont tous les deux au moteur ! Ils renverront leur spi en fin de matinée. Ils sont légèrement devant nous mais Lotus n'a pas utilisé ses moteurs lui !
Dans l'après-midi, Fakarêver nous nargue : il vient de pêcher un autre thazard !! Nous, on s'occupe comme on peut : CNED pour Violette, alphabet pour Lilas et jeux divers ...
A 16h30 : POISSON !! Nous ramenons deux toutes petites daurades à la ligne de traîne et à la canne à pêche. Elles ne sont pas trop abîmées par les hameçons alors nous les rejetons à la mer, qu'elles puissent devenir des grosses daurades !
A 17h45 : POISSON !! Julien remonte un joli barracuda à la ligne de traîne. Bon après discussion avec Fakarêver et comparaison des photos, c'est aussi un thazard !  Il se débat en arrivant sur la jupe et j'entends Julien crier. Aïe, lors du débat, un des tridents de notre appât s'est planté dans l'arrière du pied de Julien ! Pas moyen de l'enlever. Je vais chercher la pince coupante pour sectionner l'hameçon mais je n'y arrive pas. Finalement, on échange : je maintiens le poisson pendant que Julien coupe l'hameçon. Il y arrive sans problème (probablement beaucoup plus motivé que moi !) et il achève le poisson à coup de manivelle de winch. Celui-là, on ne le rejettera pas à la mer !

Et voilà comment on se fait des bobos à la mer. Depuis le départ, Julien s'est abîmé les mains en montant au mât (quelques coupures) et planté l'hameçon dans l'arrière de la cheville. Quant à moi, j'ai glissé une fois, d'où un gros bleu sur le tibia, je me suis tordue la cheville sur un mouvement du bateau, d'où une légère entorse et j'ai mal fermé la bouilloire, d'où une petite brûlure !
Rassurez-vous, les deux filles se portent comme des charmes !
Coté météo, le vent se maintient vers 10 kt de l'arrière : résultat, on n'avance pas vite mais la mer est calme et la navigation agréable. Arrivée prévue mercredi matin.

Le spi tient bien le coup : Julien a eu raison d'insister pour le réparer finalement. Il avait aussi enlevé une poulie dans la chaussette et la manipulation du spi est plus facile : la chaussette coulisse mieux. C'était peut-être elle la responsable des déchirures précédentes.

Mardi 26 février : le vent est toujours faible ... moins de 10 kt plein arrière ... on continue à se traîner. La journée est grise : il bruine parfois. On se croirait en Bretagne mais avec 20° de plus ! Aujourd'hui :
- pain et gâteaux au chocolat le matin, et CNED bien sûr !
- à midi, on déguste un morceau du thazard de la veille : succulent ! Meilleur que la daurade d'après Violette.
- l'après-midi : fin du CNED avec l'activité arts plastiques et la peinture de 4 arbres symbolisant les 4 saisons. Lilas a voulu participer et nous a fait un chef d'oeuvre !

Vers 16h, un petit nuage nous rattrape : la bruine n'est pas gênante mais par contre la disparition complète du vent est plus problématique ! Vers 17h, le spi se dégonfle ... Lotus s'arrête. 2 kt, 1 kt, 0 ... à la réflexion, il n'y a pas de signe – sur le GPS. Peut-être qu'on recule ? 
Parce qu'on sait que ça ne va pas durer, on attend : l'expression "bouchonner" prend tout son sens ! Et enfin le vent reprend doucement : une petite dizaine de noeuds ! C'est suffisant pour arriver demain à Amanu.

Pourquoi on n'a pas allumé les moteurs ? Parce que le vent venant de l'arrière, on allait rester dans la poche sans vent en avançant (et parce que Julien n'aime pas allumer les moteurs aussi : un voilier navigue à la voile ! Non mais !). Il nous reste environ 65 milles à parcourir, rien ne sert de se presser puisqu'on veut arriver demain, après le lever du soleil (sans avoir à poireauter devant la passe pour avoir une bonne visibilité). Bon de ce côté, rien à craindre maintenant !



Le mercredi 27 février, je reprends le quart à 6h30 du matin. Finalement, nous avons avancé correctement et Amanu n'est plus qu'à une dizaine de milles. Nous passons la pointe sud de l'atoll vers 8h : visuel sur 6Gone, qui est devant la passe, puis Fakarêver qui la passera juste avant nous. Ils sont arrivés quelques heures avant nous ... mais de nuit, ils ont dû attendre le jour.



La passe Fafameru est étroite mais sans danger particulier ; il fait beau, le mouillage de la pointe Koutu Kougo est joli ... nous ne sommes pas mécontents d'être arrivés ! Après une bonne baignade de vérification du mouillage (au milieu des cailles), il est temps de se mettre au CNED ... (soupir !!)
Heureusement, le soir, c'est le réconfort avec apéro à bord de Fakarêver.


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