dimanche 1 avril 2018

Navigation difficile vers la Jamaïque

Le départ de Gibb's Cay se fait en début d'après-midi pour Teiva et Lotus. Le vent est établi à 15/20 kt ... Le matin, le ciel était chargé, le vent frisquet ... malgré tout, nous avons été une dernière fois sur notre jolie plage avant de quitter les Turks. Finalement, nous y étions à peu près à l'abri du vent ; il a fallu sortir de l'eau Violette et Théo qui se servait du canoe comme d'un surf.


Les couleurs étaient toujours aussi magiques ... mais il faut avancer : Teiva va récupérer des amis aux Bahamas et nous allons retrouver 6Gone aux San Blas.
Nous avançons tranquillement avec le génois jusqu'à être libérés des fonds du bank de Grand Turk. Ensuite, on installe notre genaker (75 m2 seulement) muni de sa chaussette et on accélère. La mer est hachée mais heureusement, nous avons la houle secteur arrière. Ça remue, mais ça avance !
Teiva montera son genaker un moment avant de le ranger car le vent forcit un peu. Au sud du bank de Caicos, nos routes se séparent sur un dernier contact VHF : bon vent et bonne mer les amis !
Le vent reste bien établi : 20/25 kt dans le 150. Petite précision : nous avons réglé notre anémo optimiste et il donne le vent correctement maintenant.
 On hésite et finalement on garde le genaker pour la nuit. Mais ça forcit encore un peu en fin de nuit, il faut se décider à affaler notre genaker. Le génois est déroulé ; je choque l'écoute du genaker pendant que Julien se pend à la chaussette ... qui ne descend pas d'un poil ! Zut, il s'escrime dessus pendant que j'éclaire le haut du mât pour voir ce qui coince. Rien à faire, la chaussette reste coincée en haut. Tout ça avec des rafales à 30 kt et une mer qui lance Lotus dans de belles embardées !
Julien a beau menacer le genaker d'une crémation imminente, il faut finalement se résoudre à le descendre "à la sauvage" : je laisse filer la drisse et Julien récupère la voile sur le trampoline (pas facile avec le vent qui s'engouffre dedans ! Enfin la voile est entièrement affalée, on est bon ? Ah non, l'écoute du genaker est en partie dans l'eau. Je tire dessus pour la récupérer ... et zut, elle s'est coincée quelque part ! Après une nuit de quart, Julien est au mieux de sa forme : "PutBIIIIIP, elle va nous faire chiBIIIIIP encore longtemps cette saloBIIIIIIIP de voile de merBIIIIIIIIP !!"
Enfin en descendant dans la jupe (régulièrement innondée par les vagues qui nous montent dessus) et en récupérant à la gaffe l'écoute qui traîne derrière, en tirant d'un côté puis de l'autre, nous arrivons enfin à la décoincer et la remonter (non sans érafler au passage notre bel anti-fouling tout neuf !). C'est quand même le soulagement : je me voyais déjà obligée de plonger pour la démêler (coincée dans le safran a priori) et vues les conditions de mer ... pas motivée du tout !!
Bon ce n'est pas tout mais il faut finir de s'occuper des voiles et Julien monte la grand-voile à 3 ris avant qu'on prenne un petit dej bien mérité ! (et pour moi un petit comprimé de nautamine car la journée s'annonce aussi chahutée que la veille !)
On aperçoit la côte d'Haïti et on passe le canal dans la journée avec des vents soutenus à 35 kt et la mer qui va avec. Le bateau fait de belles embardées : il part en surf en travers, se redresse ... on avance mais on ramasse ! On avance à 11/12 kt avec des surfs réguliers à plus de 15 kt (record 18,3 kt !).
La vaisselle bouge un peu, quelques boîtes dégringolent ici ou là dans le bateau mais pas de casse. Les louloutes sont en forme et regardent arriver les vagues avec des "Oh la groooossssse vague !! Lilas finit par dessiner dans le carré, complètement insensible aux mouvements.
Avec tout ce vent (frais !!), on est obligé de se couvrir : pantalon, polaire (chaussettes pour Julien) ... Vivement la Jamaïque !
Avec un vent plein arrière, on ne peut pas aller à notre prochaine escale en ligne droite ... donc on zigzague un peu ... Dans la journée, comme on avance moins, Julien met la ligne à l'eau ... et un peu plus tard, je vois la canne à pêche se plier ... et se détendre d'un coup. On ne saura jamais ce qui a mordu mais il a tout emporté (de la tresse donnée pour supporter 45 kg !).
La nuit n'apporte pas l'accalmie attendue et on continuera à subir 25 à 35 kt de vent toute la nuit. Ce n'est qu'au matin que ça se calme enfin et on finit avec à peine 10 kt à l'arrivée à Port Antonio, accompagnés par quelques dauphins !!


Après cette navigation éprouvante, on goûte au calme de la baie au fond de laquelle se trouve une toute petite marina. Je tiens à dire que c'est le premier pays de la Caraïbe où l'on est accueilli chaleureusement (et non traité comme des enquiquineurs ou des délinquants en puissance !). Nous verrons successivement les autorités du port, les policiers et enfin les douaniers : ici, ils se déplacent sur votre bateau et ils sont gentils !
Ils répondent à vos questions et même, ils sourient !! Et en plus, les formalités sont gratuites ! Bon, c'est normalement le cas mais nous tombons sur le vendredi précédent Pâques, qui est férié ici ! C'est donc une arrivée en overtime, que nous partagerons avec un autre bateau français arrivé 1h avant nous (c'est déjà ça ! D'ailleurs nous avons fait connaissance à cette occasion avec Sylvie et Thierry sur un beau monocoque de 50 ft). Les douaniers nous font d'ailleurs comprendre qu'il vaut mieux ne partir que le mardi (et non le lundi de Pâques !!).
Et nous voilà tranquilles pour 3/4 jours, au calme, avec une piscine (chaude) au petit resto de la marina, à deux pas du centre-ville où nous découvrirons un marché de légumes et fruits très bien achalandé et à des prix raisonnables. D'ailleurs, si le dollar US est accepté, nous découvrons le dollar jamaïquain : 1 dollar US = 120 dollars jamaïquains ! On a vite les poches pleines de billets de 1000 !
Les jamaïquains sont gentils et on se balade dans la ville en toute tranquillité. Les rues sont animées : devant chaque toute petite boutique, des enceintes mettent le reggae à l'honneur ... FORT !! D'ailleurs chaque soir, nous avons une ambiance musicale jusqu'à près de 2h du matin.

Donc on profite du luxe d'être à quai pour mettre un coup de propre au bateau, intérieur, extérieur. Le départ est prévu mardi vers les San Blas : 550 milles nautiques à parcourir !

2 commentaires:

  1. Décidément dès qu’on vous laisse seuls vous faites des bêtises !! Bon vent pour les San Blas et bisous de nous deux
    Isa et Gilbert

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  2. Coucou,
    Un joyeux anniversaire à Lilas avec quelques jours de retard.
    Vous avez eu bien de la chance de croiser les baleines et surtout de les voir s'exprimer de la sorte !!!
    Ici, ce sont plutôt les oiseaux du jardin sur les boules de graisse, les chevreuils et les sangliers.
    Grosses bises à tous
    Marie-Pierre et Christophe

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