mardi 17 juillet 2018

Après Fakarava, Rangiroa ...

Nous serons finalement restés à Fakarava jusqu'au match de foot où la France a battu la Belgique. Le vent étant enfin revenu, nous sommes partis vers le Nord pendant que Fakarever descendait vers Fakarava sud et qu'Infinity était au Yacht Club.
Le passage de la passe Nord de Fakarava se fait à la voile et en douceur : la passe est grande et nous passons au bon moment. Nous étions prêts cette fois : capots tous fermés ! Malgré l'abri des atolls, le vent de Sud Est arrive à agiter la mer (on a entre 25 et 35 kt quand même). On avance mais ça bouge, et on est obligé de zigzaguer entre les atolls pour rester à la voile (génois puis genaker puis genois de nouveau car le vent forcit). Dans l'après-midi, ZZZZZZ ! Chouette un petit thon ! Ce sera notre seule prise de la navigation.
La nuit n'est pas agréable car on bouge mais on avance bien ! La marée est basse à 9h00, sinon c'est vers 13h ... Nous arrivons à la passe de Tiputa vers 9h30 et on se lance ! La mer bouillonne un peu, la passe est plus étroite : on met les moteurs et il le faut car finalement, il y a encore du courant sortant ! Entre les vagues, notre vitesse fond passe de 4 à 0,8 kt (à 2200 tours ! Normalement à cette puissance, nous ne sommes pas loin des 7kt !).
Le lagon est moins agité qu'on ne le pensait et nous allons nous mettre au mouillage au nord de la passe, devant le Kia Ora Hotel. A terre, nous trouvons 2 épiceries et nous craquons sur des pamplemousses (des Marquises !). Jusque là, tous ceux qu'on avait mangés nous avaient été gentiment donnés ; là c'est 900 FCP les 2 pamplemousses (7 euros ! Ça pique un peu).
Nos 2 équipiers iront en reconnaissance au Kia Ora Hôtel, ils en profiteront pour visiter la cave du vignoble qui pousse sur un motu de Rangiroa. Avec dégustation par Cyril, notre spécialiste en vin.
Le soir, nous assistons à un petit spectacle de danse au Kia Ora hôtel. Les percussions et chants tahitiens sont toujours aussi agréables à écouter, et les danses à admirer.
La météo est mitigée pour notre début de séjour à Rangiroa : vent, passage de grains ... Cela n'incite pas à la baignade. On en profite pour aller visiter la ferme perlière Gauguin's Pearl (la navette est gratuite et ils viennent nous chercher au débarcadère d'Otohu). Le guide qui nous reçoit est précis. Allez, c'est la minute culture générale sur les perles de Tahiti :

- Où les fermes perlières se fournissent-elles en huîtres perlières ?

Dans les atolls dont les eaux sont calmes, suffisamment pour que les huîtres qui y vivent au naturel puissent essaimer (les huîtres sont hermaphrodites, selon la température de l'eau ... enfin il faut juste savoir qu'on récolte les "bébés huîtres" à la fin de la saison chaude). Des collecteurs (bouts en polypropylène noir qui apparemment les attirent) sont placés dans le lagon et des "grappes" d'environ 100 à 150 bébés huîtres sont récupérés par bouts. Ces bébés huîtres sont dorlotés pendant 3 ans afin d'atteindre la taille idéale pour la première greffe.
- Pourquoi s'embêter à greffer une huître ? Parce que la nature n'est pas une championne pour obtenir une perle à partir d'une huître et encore moins une belle perle ronde !
- Et finalement, en quoi ça consiste la greffe ?
L'huître de 3 ans est sortie de l'eau, nettoyée et entrouverte. Le technicien greffeur doit d'abord choisir une huître qu'il sacrifiera pour faire des greffons à partir de la partie noire que l'on voit sur la photo. Le choix de l'huître se fait par rapport aux couleurs présentes dans la nacre de la coquille (sans résultat garanti !).
Il découpe la partie noire en petits morceaux de 1 mm : les greffons.
L'autre élément nécessaire est un nucléus, petite bille ronde en nacre fournie par les japonais et issues de la nacre de la coquille d'huître de rivière. Ce premier nucléus fait 6 mm de diamètre.
Dans une petite poche présente dans l'huître, le greffeur introduit un nucléus et un greffon.
Puis l'huître greffée est mise dans un présentoir où chaque huître a sa poche individuelle. Cela permettra de voir quelque temps plus tard si la greffe a pris, ou si l'huître a rejeté le nucléus (qui reste emprisonné dans la poche). Dans ce cas là, cette huître, où il ne reste que le greffon donnera aussi de la nacre mais sous forme de keishi, c'est de la nacre pure, sans nucléus.
A savoir que l'huître greffée est replongée dans l'eau (par 15 à 20 m de fond) pendant 2 ans encore avant la première récolte. Pour la protéger de ses prédateurs (les raies, certains poissons, les tortues ...), les huîtres sont protégées par un tube en filet solide. Les coquilles des huîtres sont percées sur le côté et suspendues sur un bout.
A noter que chaque greffeur a sa couleur de bout, pour que l'on puisse évaluer, 2 ans après, la qualité de son travail. La ferme perlière que nous avons visitée employait 2 greffeurs.
- Une huître, une perle ?
2 ans après la greffe (laisser la perle plus longtemps ne sert à rien : la perle ne grossit pas et risque de développer des imperfections), l'huître est récoltée, sa coquille nettoyée et la perle récupérée.
Un nucléus de la taille de la perle récupérée est réinséré dans la poche. Le greffon initial continuera son travail.
Une huître peut être greffée 3 fois. Elle peut vivre jusqu'à 12 ans mais les fermes, après la troisième récolte, rentabilise au max leurs huîtres : elles récupèrent la partie de l'huître à manger pour les restaurants, donnent les autres parties à manger aux poissons et envoient les coquilles au Japon où est utilisée la nacre.

- Comment classer les perles ? Les perles de la première greffe sont les plus belles et peuvent atteindre jusqu'à 14 mm de diamètre. Elles sont commercialisables à partir du moment où il y a au moins 0,8 mm de nacre sur le nucléus. La plupart des fermes ne vendent pas de perles de moins de 8 mm. Les perles de 2ème et 3ème greffe seront souvent plus grosses mais avec moins de lustre ...
La classification des perles prend en compte leur taille, leur forme (ronde ou semi-ronde ou baroque ou ...), leur couleur, leur lustre, leurs imperfections. Plus elle est parfaite, plus elle est chère bien sûr !
- Le taux de réussite d'une ferme perlière ? Environ 40 huîtres sur 100 produiront une perle ; les perles rondes sont plus rares ; celles sans imperfections, encore plus rares !

Enfin on comprend bien pourquoi c'est cher. La boutique de la ferme contenait de très jolis bijoux mais nous n'avons regardé qu'avec les yeux ... enfin cette fois !
Nos équipiers partiront de leur côté et reviendront le soir contents d'eux, après avoir été chez le coiffeur ... Je ne mettrai pas de photo puisque nous avons à faire à 2 spécimens rares : leur consigne au coiffeur a été d'en couper le moins possible. Il a respecté la consigne ... et nous n'avons pas vu la différence !
Vendredi 13 juillet, nous accueillons Fakarêver dans la passe de Tiputa. Il y a de la vague et ça bouillonne côté courant ... Il hésite et s'engage enfin, après le passage (réussi) d'un monocoque devant lui. Nous étions aux premières loges pour les photos)

L'après-midi, nous faisons un peu de PMT (palmes, masque, tuba) près du motu intérieur de la passe que l'on aperçoit sur la photo : c'est joli et gavé de poissons, les bateaux des plongeurs leur jetant du pain !

Samedi sera une journée PMT : nous partons en annexe avec Fakarever pour des dérivantes dans la passe de Tiputa. Le courant est impressionnant mais les fonds et la faune un peu décevants (on devient difficile !). Pour voir des poissons et petits requins, l'endroit le plus sympa reste le petit motu juste après la passe, où l'on retrouve les bateaux d'excursion qui lancent du pain aux poissons.

Dimanche : premier rendez-vous, le match de foot !! Nous captons la télé à bord mais nos équipiers préfèrent aller à terre pour l'ambiance : ils partent à 3h30 du matin en canoë pour rejoindre la terre puis marchent 45 minutes pour rejoindre le bar où ils passeront un bon moment heureusement !
Quant à nous, Julien (qui avait oublié de mettre le réveil) se fait réveiller à 5h40 par un "Allez la France !" : c'est Fakarever en annexe qui n'a pas osé nous réveiller plus tôt (le match a débuté à 5h du matin !) mais avec 2 à 1 il y a moins de risque ... Julien, une fois n'est pas coutume, se lève rapidement et nous verrons la fin de la première mi-temps et le reste du match avec Hervé, Dominique et Raphaël.
Heureusement, ça se finit bien devant un café et un gâteau au chocolat

Nos équipiers revenus de leur virée à terre, nous partons tous vers le "lagon bleu", un site connu de Rangiroa, et effectivement, c'est beau !!
Le mouillage est compliqué par contre : la visibilité n'est pas terrible, le fond parsemé de patates de corail ... 10 à 12 m de fond avec des patates qui montent pas loin de la surface ! L'ancre en place, on est un peu près d'une patate ... Cyril saute à l'eau pour vérifier la marge par rapport à nos quilles ... et il se retrouve entouré de requins ! Bon, ce sont des pointes noires assez petits mais ça impressionne toujours quand ils commencent à cercler autour du nageur ! Allez le mouillage est validé, à nous le lagon bleu !
C'est ici que le drône est un véritable atout, même si les photos sur les motus sont sympas aussi !







Nous passerons 2 nuits au mouillage, seuls ! Le lagon est magnifique et pleins de bébés requins pointe noire : une vraie nurserie ! Par contre, l'eau est un peu trouble.
Nos équipiers profitent du drône de Fakarêver pour faire une photo "mytho" ! Vive l'équipe de France !!


Julien, en revenant au bateau, décide d'aller vérifier le mouillage : la chaîne est ok mais l'ancre est coincée sous une grosse patate de corail ! Il force un peu sur ses oreilles pour essayer de la décoincer : l'ancre ne bouge pas d'un pouce mais par contre, un tympan a souffert ! Reste à espérer que demain, nous puissions nous dégager du mouillage !
Nous rejoignons un bateau d'excursion à l'extérieur du lagon pour nager au milieu des requins ... là c'est plus impressionnant, à part pour Lilas qui trouve ça très amusant ! Les requins pointe noire sont plus grands et plus nombreux ! Et des fonds un peu troubles, on voit remonter un gros requin ... un pointe noire encore ? Non, ce sont 2 requins citrons ... On en frissonne alors que l'eau est bien chaude !


De retour sur le bateau, pour se remettre de ces émotions, c'est soirée apéro / jeu de société (Time's up). Nous gardons Eloïse à bord pour une soirée pyjama.

Dans la nuit, le vent se lève et le plan d'eau s'agite ! On se fait bien secouer le matin avec presque une petite houle de face ! Nous attendons patiemment que le soleil monte dans le ciel, histoire de voir les patates de corail ! Et vers 10h, on commence à relever la chaîne : ça accroche, les mouvements de tangage du bateau donnent des à-coups et la chaine est visiblement coincée ! Et le guindeau arrête de fonctionner !! Julien remet la patte d'oie, redescend un peu de chaîne ... Vérification faite, c'est juste le disjoncteur qui a sauté (ouf !!) ; on réenclenche et c'est reparti. L'eau est trouble : on ne voit pas le fond donc on ne sait pas où est notre chaîne ! C'est là qu'avoir des équipiers à bord se révèle très utile : Julien est à l'avant au guindeau, moi au moteur et Cyril se met à l'eau pour nous dire ce qui bloque la chaîne. En suivant ses indications, on dégage la chaîne, puis l'ancre, plus facilement que attendu ! Fakarêver, mouillé un peu plus loin, était prêt à nous porter secours avec ses bouteilles de plongée (parce que l'ancre était à 10 m de fond). Enfin on est soulagé de quitter sans encombre ce mouillage. Le site est magnifique mais le mouillage ... pas protégé et truffé de patates de corail (la photo du drône est parlante !!)

Et maintenant, direction notre mouillage précédent (vers la passe de Tiputa) où nous accueillerons demain matin Infinity.


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