samedi 21 avril 2018

Panama : entraînement, formalités d'entrée et organisation pour le canal

Le canal de Panama ... comme beaucoup de navigateurs, nous avons épluché internet et tous les blogs des voiliers qui l'ont passé avant nous pour nous faire une idée. Certains utilisaient un agent (officiel ou non) pour se faciliter la vie, d'autres se débrouillaient tous seuls.
Nous avons hésité ... mais finalement, je trouve que ça fait partie de l'aventure de nous débrouiller par nous-mêmes. Donc après avoir quitté les San Blas, nous sommes allés faire nos formalités d'entrée au Panama.
A priori, on peut tout faire à Colon mais la sécurité en ville n'étant pas assurée, nous avons préféré aller à la marina de Linton. Il y a un mouillage bien protégé derrière l'île Linton où nous sommes arrivés de nuit.
Les affaires maritimes sont dans un petit bâtiment bleu qui ne paie pas de mine à l'entrée de la marina, derrière la zone de sortie à sec des bateaux. L'employé a regardé les papiers du bateau, sorti sa calculette pour nous annoncer ensuite que nous devions nous acquitter d'un "cruising permit" de 185 dollars (qui nous donne le droit de stationner un an au Panama). A priori, c'est obligatoire, même si on ne reste que le temps de traverser le canal. Il faudrait rester moins de 72h au Panama pour pouvoir s'en passer !
Il a attendu notre accord pour sortir et remplir un certain nombre de papiers (il nous a demandé notre papier de sortie de notre dernière escale, la Jamaïque), faire des photocopies et voilà, c'était fait : rapide à défaut d'être bon marché !
Petit détail : aucun distributeur à proximité donc il faut anticiper et avoir des dollars à bord.

Près de Linton, on trouve Panamarina, une petite marina que nous n'avons pas pris le temps d'aller voir. Nous sommes repartis aussitôt vers Porto Bello (à environ 14 Nq) pour aller dans les bureaux de l'immigration. A savoir qu'ils ferment vers 16h (voire un peu avant puisque nous trouverons porte close et devrons revenir le lendemain matin).
Le bureau de l'immigration se trouve à côté de l'office du tourisme, pas loin d'une petite place où il y a un petit parc de jeux (à la grande joie de Lilas). Le bourg n'est pas très gros. Nous avons débarqué sur un ponton à droite du village et suivi la route principale jusqu'à un croisement (où il y a deux "panaderia" et là, il faut prendre sur la gauche). Nous avons eu la chance de tomber sur un camion d'un vendeur de fruits ambulants : pour 11 dollars nous sommes repartis avec une pastèque, 1kg de tomate, quelques carottes, 5 grosses mangues, 10 bananes, 14 oranges, 2 melons.
Côté immigration, tout l'équipage doit être présent (ils prennent les empreintes et une photo de chacun). Ils photocopient les passeports et d'autres documents (sortie du pays précédent, liste d'équipage, papiers du bateau) et nous paierons seulement 3 dollars, juste pour les photocopies. Nous avions laissé les filles à bord (Lilas dormait et Violette était boiteuse, s'étant fracassé un pied sur un panneau de pont la veille) ; la dame du bureau a eu pitié d'elle et a accepté de ne pas l'obliger à venir jusqu'au bureau.
A Porto Bello, juste de l'autre côté de la place, il y a aussi une petite supérette où l'on trouve l'essentiel. Nous ne nous sommes pas attardés pour rejoindre ensuite Colon où nous avons mouillé devant le Club Nautico. C'est très moche, ça ne sent pas très bon ... et détail qui a son importance : le club nautico est fermé ! Il reste cependant du personnel dont le seul rôle semble être de vous refuser l'amarrage de votre annexe !
Après renseignement auprès d'un des autres bateaux au mouillage (nous étions 3), nous laissons notre annexe sur la "plage" (petite, pleine de déchets où aucun touriste ne risque de venir poser sa serviette) pour une sortie ravitaillement. Il faut enjamber une zone de travaux (le port de Colon est en train de construire tout un complexe pour les touristes des paquebots) et partir vers la gauche. A 10 min de marche, vous trouvez un supermarché 99 bien achalandé (il y a des distributeurs dedans).
Après ce premier ravitaillement, nous avons relevé l'ancre (parce qu'il faut bien dire que le mouillage, dans les pots d'échappement des cargos en train d'être chargés ou déchargés, n'est pas agréable du tout !) pour traverser la baie de Colon et aller mouiller devant la marina de Shelter bay.
Pourquoi mouiller ? Parce qu'à 100 dollars la nuit (pour un cata de presque 50 ft), la facture peut vite grimper ! A savoir que tout est fait pour que vous y alliez dans cette marina qui dispose d'une piscine (bien agréable), d'une pompe à essence, et d'une navette gratuite matin et après-midi, qui vous amène dans la zone commerciale (à 1h30) pour faire vos courses. En fait de ce côté de la baie, il n'y a que cette marina et rien autour. Nous décidons donc de mouiller devant ... mais nous apprendrons plus tard qu'il est interdit de mouiller dans la baie de Colon pour les voiliers mais il y a des tolérances. Nous étions juste à côté de l'entrée de la marina et ne pouvions pas gêner les gros cargos donc personne n'est venu nous dire de dégager. Nous rejoignons 6Gone et Fakarever, qui ont pris l'option marina, pour s'organiser. En effet, nous sommes prévus comme "hand liners" : pour passer le canal, vous devez obligatoirement être 5 adultes à bord . Un qui conduit le voilier et les 4 autres qui gèrent les amarres à chaque pointe. Bateaux familles comme beaucoup d'autres, nous ne sommes souvent que 2 adultes à bord d'où plusieurs solutions :
- faire appel aux équipages d'autres bateaux ce qui leur permettra de "s'entraîner" pour leur propre passage,
- trouver par internet (groupe facebook Panama cruisers ou autre) des volontaires (et il y en a : c'est quand même une aventure à ne pas rater si vous vous baladez à Panama et c'est gratuit !)
- si vous êtes passé par un agent, il peut vous fournir des handliners mais dans ce cas, il vous faudra les payer (environ 100 dollars) en plus de les nourrir.
Le rendez-vous est pris pour 2h45 du matin à la marina afin d'appareiller à 3h et rejoindre le flat avant 4h du matin.
Fakarever (qui a trouvé des handliners par internet) est parti la veille s'y mettre au mouillage (ce qui est la solution préconisée par les agents). Une fois mouillés, il faut contacter sur VHF ( channel 12) pour dire que vous êtes arrivés. Le pilote est monté à bord à 4h30. Il nous explique (en anglais) que nous serons 3 : deux catas et un monocoque. 6Gone sera en position milieu car il a l'advisor chef à son bord (et c'est celui du milieu qui gère les deux autres, même s'il y a un advisor sur chacun des voiliers). Mouillage relevé, nous partons vers les écluses en longeant les balises du chenal (pour ne pas gêner le passage d'un mastodonte qui sera devant nous dans l'écluse).
 Nous passons sous le pont gigantesque (forcément, il faut que puissent passer tous les types de bateaux dessous) qui est en cours de construction et peu après, nous entamons la première manoeuvre pour prendre à couple à tribord le monocoque. Cela se passe en douceur. Nous fournissons les amarres pointe et arrière (boucle avec noeud de chaise fournie au voilier, on tend et on arrime de notre côté) ; le monocoque gère de la même façon les deux gardes. Même manoeuvre pour prendre Fakarever sur le bâbord. Le bateau du milieu gère ensuite la vitesse d'avancement et les bateaux sur le côté (sur ordre de l'advisor) contrôlent la direction. Notre petit groupe se glisse dans la première écluse après un petit briefing des hand liners par les advisors.
Il faut préparer une grosse boucle (1m) avec noeud de chaise sur les amarres de 40 m que vous devez avoir à bord (4 obligatoires) et attendre que les manutentionnaires du canal vous balancent leur "monkey line" pour la nouer (noeud de chaise toujours) sur votre boucle d'amarre.

Ensuite, vous gardez votre amarre à bord jusqu'à ce qu'ils vous fassent signe de laisser filer votre amarre. Ils la récupèrent, la positionnent sur une bite d'amarrage et là, à vous de tendre. Le groupe se retrouve arrimé par 4 amarres au milieu de l'écluse et il faut ensuite gérer la tension des amarres pour rester bien positionné pendant la montée de l'eau dans l'écluse. 
Le gros cargo devant avance puis à notre tour : on donne du mou aux amarres pour que les manutentionnaires les décrochent et on récupère les amarres à bord (toujours accrochées à la "monkey line").

Le groupe avance ensuite au moteur (c'est là qu'il faut être attentif pour ne pas se retrouver en travers ou trop près d'un côté ou de l'autre de l'écluse), suivi de chaque côté par les 4 manutentionnaires qui récupèrent les amarres une fois arrivés à notre point d'amarrage et on refait la même manoeuvre que précédemment pour monter dans l'écluse. Il y a 3 écluses à passer, le lac intérieur à traverser et 3 écluses à descendre ensuite (même manoeuvre mais les petits bateaux sont placés devant les gros) pour rejoindre enfin le Pacifique !! Dans le lac, Violette planche sur le CNED pendant que Lilas joue avec Axel. Le transit est tranquille et on en profite pour manger : lasagnes et gateaux au menu. Lilas dormira le reste de l'après-midi (forcément, levée à 2h30 du matin, ça pique !)
Violette profitera de sa copine tout l'après-midi.
Pour passer les 3 dernières écluses (celle de Miraflores, la deuxième dans la descente, a une webcam où l'on peut voir en direct le passage des bateaux sur internet (familles et amis, tenez vous prêts !!), nous ne serons pas 3 mais seulement 2 : 6Gone et un monocoque déjà là. C'est l'avantage d'avoir l'advisor chef à bord : il était pressé et est passé devant ! Fakarever aura moins de chance et devra patienter.
Le retour vers Shelter bay marina se fera en taxi (négocié avec Luis .... à 80 dollars pour nous 4) pris à la Playita (zone de mouillage devant une marina hors de prix où le débarquement en annexe est "toléré" une fois (après c'est 50 dollars par semaine !) ; l'autre solution est de prendre un taxi jusqu'à la gare routière puis le bus jusqu'à Colon (2 dollars) puis le taxi (25 dollars d'après nos sources) jusqu'à la marina mais c'est moins rapide et moins confortable (a priori il fait chaud dans les bus !).
Le passage en une journée est fatigant mais c'était vraiment une bonne expérience pour savoir à quoi nous attendre et le faire avec des bateaux copains était bien sympa.
On vous retrouve aux Marquises les amis !
(allez voir le site de 6Gone, que j'ai en lien, pour voir d'autres photos)
Maintenant, il faut que l'on s'occupe de notre passage à nous !!
Pour le passage du canal, voilà la marche à suivre (tout peut se faire par internet et téléphone) :
1- il faut prendre rendez-vous pour faire mesurer votre bateau. On peut le faire en envoyant par mail le formulaire (téléchargeable ici : 
https://www.pancanal.com/common/maritime/forms/4405.pdf ) à l'adresse :
optc-ara@pancanal.com
Ensuite, vous appelez au numéro noté en bas du formulaire  +507 443 2298 (dans la journée) pour avoir la date du rendez-vous pour la mesure. Elle peut se faire soit à la marina de Shelter Bay (déplacement du mesureur facturé en plus) ou sans frais supplémentaire dans la zone appelée FLAT un peu avant les écluses au fond de la baie de Colon.
2- Le mesureur vous expliquera les options de passage (à couple, tout seul, sur le côté ...) et c'est le moment de poser des questions si vous en avez. Vous obtenez alors votre numéro d'identification pour le passage et les papiers nécessaires pour aller payer à la banque votre passage.
3- Vous allez payer à la Citibank de Colon (les chauffeurs de taxi connaissent), en liquide (attention, les distributeurs ne donnent pas plus de 500 dollars donc il faut faire plusieurs retraits) mais le virement banquaire est possible.  Il faut demander la marche à suivre par mail à l'adresse : maraujo@pancanal.com. Il faut emmener les papiers donnés par le mesureur, ceux du bateau, votre passeport et un RIB pour récupérer la caution.
4- Vous appelez +507 272 4202 (Panama canal marine transit control) le jour suivant pour connaître votre date de passage. Si la date proposée ne vous convient pas, il faudra rappeler régulièrement pour essayer d'obtenir une nouvelle date.

Voilà pour la théorie. Comment ça s'est passé pour nous ?

Nous avons envoyé le formulaire 4405 par mail ... et reçu un mail retour nous joignant le formulaire à jour (ma version téléchargée par internet était incomplète). Ils demandent vos 10 dernières escales avec les dates de départ de chaque escale (on se demande bien pourquoi !)
Donc j'ai de nouveau envoyé le formulaire le matin et appelé en fin de matinée au +507 443 2298.  La mesure était possible le lendemain jeudi ... zut, c'était le jour où nous passions le canal avec les bateaux copains ! En rappelant jeudi, le vendredi matin paraît possible : il faut rappeler le matin même à 7h30 pour savoir si c'est confirmé.
Donc vendredi matin, nous rappelons plein d'espoir à 7h30 et ça se confirme : nous devons nous rendre au flat où nous devrions être mesuré entre 8h et 11h. Tout se goupille bien puisque nous devons aussi récupérer mon papa vers midi au club nautico. Nous appareillons rapidement pour le flat ; le bout dehors est relevé (pour qu'à la mesure nous ne dépassions pas les 50 ft ! C'est 500 dollars de plus sinon !). Notre bateau fait 14.95 m de longueur alors pas le droit à l'erreur !
On attend .... on attend .... midi, toujours personne ... 12h15 ! Une vedette se dirige enfin vers nous !! Et nous réceptionnons le mesureur à bord qui s'excuse du retard. Il mesure le bateau ... et il remesure car il se rend compte qu'on n'est pas loin de la limite. Finalement, il note un peu moins de 49.87 ft (ouf !!) puis nous pose pleins de questions pour remplir ses papiers (tirant d'eau, moteur, cuves à eaux noires ...). Il insiste sur le fait que :
- nous devons avoir à bord 4 amarres de 40m et des défenses en quantité suffisante (nous avons fait affaire avec l'agent de 6Gone et nous lui louerons le moment venu pour 100 dollars)
- nous devons être 5 adultes à bord
- nous devons fournir un vrai repas à l'advisor qui nous guidera dans le canal (et de l'eau fraîche et des vrais cabinets de toilette ...) sinon un montant prohibitif sera retenu sur notre caution (100 dollars mini)
Il nous explique les différentes options pour traverser et quelles options sont les plus sûres (on coche les mêmes cases que 6Gone et Fakarever : on veut passer centré et on accepte d'être à couple d'autres bateaux). Il nous fournit les papiers à emporter à la Citi Bank, ceux à garder ... et finit en prenant deux photos du bateau. Rapide, sympathique et efficace !
A 13h, nous quittons le Flat vers le mouillage du Club Nautico où on espère retrouver mon père ... dont le téléphone portable ne fonctionne pas ! On débarque sur la plage avec l'annexe, personne. Nous allons jusqu'au supermarché à côté, personne ... Tant pis, la priorité est de payer le passage du canal ; un taxi nous amène à la Citi Bank (avec 2000 dollars retirés aux distributeurs du centre commercial dans les poches !) pour 2 dollars. On ne fait pas les malins parce que Colon n'est vraiment pas reluisant : les rues sont pleins de déchets, les batiments tombent en ruine ... Nous payons (il faut fournir un RIB pour se faire rembourser la caution et venir avec vos passeports) et nous revenons vite au centre commercial. Toujours aucune nouvelle de papa ! Il est 14h30 et il est censé avoir atterri à 8h du matin. Nous sommes en train de faire quelques courses supplémentaires quand je reçois un SMS de maman : papa est dans un café juste à côté !
Il aura vécu une "épopée" qui a commencé à l'aéroport quand les douaniers ont découvert le moteur du guindeau dans sa valise. C'est finalement un douanier qui l'a amené jusqu'au Club Nautico (un peu avant qu'on arrive évidemment !) pour être sûr qu'il ne revende pas illégalement ce moteur (il a surtout encaissé au passage 100 dollars pour la course !). Comme nous n'étions pas au mouillage, il l'a finalement laissé au supermarché à côté. Et pas facile de communiquer sans téléphone ! Finalement grâce à des français expatriés, il réussira à nous prévenir qu'il est là et nous rejoindra enfin. La soirée se passera à déballer son sac, bourré avec mes commandes en tout genre (peinture pour t-shirt, jouets, housse de liseuse, culottes pour les filles ...) et le matériel technique pour le bateau (moteur du guindeau, convertisseur, leurres et hameçons).
Le lendemain, nous appelons pour le passage : 6 mai !! Il faudra rappeler pour avoir plus tôt ! Pour attendre dans un environnement agréable (parce qu'au bord d'un chenal dans un port de commerce aussi grand, c'est glauque), nous appareillons vers Portobello (à la voile au près en tirant un bord). Une navigation avec une bonne grosse mer histoire d'amariner papa.

Et voilà, reste à obtenir une date de passage plus proche, à récupérer nos deux équipiers et à être à l'heure au rendez-vous.
Nous pouvons passer le canal :
- soit dans la journée en partant vers 5h et en arrivant en fin d'après-midi du côté Pacifique
- soit en deux jours, en partant en fin d'après-midi : on passe les écluses, on passe la nuit dans le lac de Gatun et le lendemain matin, on traverse le lac et on passe les autres écluses.
Dans ce dernier groupe d'écluses, celle de Miraflores est équipée d'une webcam où vous pourrez nous voir passer en direct. Je mettrai le blog à jour avec notre heure de passage approximative.
http://pancanal.com/eng/photo/camera-java.html

lundi 16 avril 2018

De la Jamaïque vers les San Blas

Le départ de la Jamaïque se fait tranquille, mardi 3 avril en fin de matinée. Nous n'avons pas chômé ce matin : petit tour en ville pour le ravitaillement avec passage au petit marché des fruits et légumes où nous dépensons nos derniers dollars jamaïquains ; passage à la marina pour payer (225 dollars : 4 nuits à 50 dollars et 25 dollars l'eau, qui n'est pas donnée ici) ; tampon des douanes obtenu (et paiement des 25 dollars d'overtime dûs pour notre arrivée un vendredi férié. Normalement c'est 50 mais nous partageons avec Kriséole, arrivé le même jour que nous) et enfin petit tour à la piscine pour les louloutes.
Il fait beau, le vent est calme : à peine une dizaine de noeuds ... on se traîne un peu au début en longeant la côte et on découvre des plages cachées dans la verdure.
IL y a 540 milles à faire pour arriver à Cayo Hollandes aux San Blas. Julien installe le genaker (avec encore une séance d'acrobatie sur le bout dehors car l'enrouleur récalcitre !). Dans l'après-midi, en s'éloignant de la Jamaïque, le vent de 10/15 kt est plus favorable et on avance enfin entre 8 et 10 kt. La journée file : école pour Violette car la mer est vraiment calme et pêche (infructueuse) pour Julien et préparation du pain. On bascule du genaker au spi sans difficulté.
La nuit est calme et Lilas profite de la place dans notre lit pour y dormir avec celui qui n'est pas de quart. Mercredi, les conditions restent bonnes et on avance bien. Je m'installe avec mon petit dej quand Julien me dit qu'il veut mettre le genaker car le vent a tendance à forcir ... ok mais d'abord mon café !! La mer est pleine de sargasses et de déchets divers à tel point que nous remontons la ligne de pêche. Violette fait école (elle est d'accord pour avancer bien maintenant pour pouvoir ensuite jouer plus avec sa copine de 6Gone que l'on va retrouver aux San Blas.), Lilas joue la perturbatrice et finit par s'endormir par terre en plein milieu du cockpit !
La deuxième nuit se passe sans encombre : depuis notre départ, on n'a pas croisé grand monde : un voilier et un porte container. Julien profite de son quart pour faire du pain pour le petit dej. La vie en mer s'organise. Le vent s'oriente moins bien : du 150 ... et on avance moins bien. Jeudi matin, je commence à peine mon café que Julien m'annonce que l'on va remettre le spi ! Grrrr ! Il veut vraiment me faire boire mon café froid !! Le changement genaker contre spi se passe comme sur des roulettes : le genaker se roule bien, la chaussette du spi monte sans accroc ... notre guigne habituelle nous aurait-elle abandonnée ? Ah non : Lilas renverse son jus de fruit du matin sur les coussins du carré pour nous occuper un peu.
A 10h du matin, il reste 220 milles à parcourir. On espérait arriver demain en fin de journée ... il faudrait accélérer un peu pour cela ! Et en fait le vent va faiblir encore un peu et s'orienter plein arrière ... pas top. Heureusement, cette journée sera l'occasion de voir des dauphins plusieurs fois ... parce qu'on se traîne à 5 kt et que côté pêche ... on perd encore un hameçon ! La nuit arrive sans grand changement et pour remonter le moral des troupes (parce que maintenant c'est sûr : on n'arrivera pas demain !), c'est soirée crêpes ! Nous croiserons quelques cargos cette nuit : on approche du Panama !
Vendredi, 6h30 du matin : le spi a du mal à rester gonfler et ça me réveille. J'arrive au moment où la ligne de pêche se tend ! J'ai tout juste le temps de voir sauter un requin au bout et ça lâche ! Il a tout emporté : le leurre et les plombs !! Décidément, la pêche et nous !!
7h du matin : il reste 106 milles à parcourir ... mais le vent a tourné un peu : on affale le spi, Julien monte la grand voile et le genaker. Bon, encore pas bien réveillée (pas eu mon café moi !), j'appuie sur les mauvais boutons sur le pilote automatique et je mets les 20° de cap du mauvais côté. Conséquence : le genaker se déroule mal et le bout de l'enrouleur sort de son emmagasineur ... Julien est de nouveau obligé de faire de l'équilibre pour défaire tout ça ce qui achève de le mettre de bonne humeur ce matin. Côté bâteau, c'est mieux : on avance à 7 kt ... ce qui ne suffira pas pour arriver de jour aux San Blas ! Zut !
Julien s'attèle à remonter une autre ligne de pêche pendant que je petit déjeune enfin. Dans la journée, nous accrocherons 2 daurades : une qui se décrochera assez vite, une autre qui le fera presque arrivée dans la jupe ! Rageant !!
Le vent tombe dans l'après-midi ; on affale le genaker et on installe le spi ... mais on sait déjà qu'on arrivera dans la nuit, vers 2 h du matin. Ça tombe bien : la lune devrait se lever vers 11h et elle ne sera pas de trop pour s'aventurer dans un mouillage inconnu !
Quand je prends mon quart vers 11h30, Julien me dit qu'il a vu des dauphins (le veinard !!) ... mais moi aussi ! En fait, ils sont toujours là ! Le spectacle est un peu magique : on ne "voit" pas les dauphins : on les devine ! On entend les bruits de respiration par leur event et on voit des traînées lumineuses dans l'eau : ce sont les algues phosphorescentes "dérangées" par les dauphins !
Nous visons Cayo Holandes et enfin, on commence à la voir ... on se traîne à 3,5 kt ... pffff ! A ce rythme, on en a encore pour 2h ! Je craque et on allume le moteur avant d'affaler le spi pour terminer plus vite ! L'arrivée se fait doucement : la lune a beau éclairer, on ne voit pas grand chose. Il y a 4 bateaux au mouillage ... on se glisse entre deux, on avance tout doucement : les fonds remontent vite : 40, 30, 20, 10 ... à 8 m, on jette l'ancre. Et au dodo !!
Le matin, nous découvrons que nous sommes devant une magnifique plage. L'eau est à 28° (on a regagné un degré et ça compte !) : je plonge vérifier où nous avons posé notre ancre. Dans du sable, parfait ! Et juste à côté d'un énorme massif de corails où pour une fois, les coraux sont intacts. C'est joli, c'est coloré ! Je sens qu'on va apprécier ces îles !
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Lilas ! Nous mettons le cap sur une île voisine Cayo coco Bandero pour y rejoindre 6Gone et Fakarever. C'est un vrai petit coin de paradis et l'eau a gagné encore un degré : 29° c'est trop bien !!
Sous l'eau, je croiserai une raie léopard et beaucoup de jolis coraux. Mes préférés : les "cerveaux" ; pris en gros plan, on peut jouer au labyrinthe dessus !

Les retrouvailles sont joyeuses : Violette et Lilas retrouvent des copines / copains et ça joue !! Tout le monde se retrouve à bord à l'occasion de l'anniversaire de Lilas qui aura un peu de mal à souffler les bougies. De tous les cadeaux reçus, c'est le biberon "magique" pour son bébé qui lui plaira le plus ! (Dolorès, le tour de cou Minnie a eu aussi beaucoup de succès ! Merci !)
Après la baignade, nous nous retrouvons sur la plage pour un pique-nique joyeux. Les jours suivants s'écoulent entre baignades, jeux, apéros et farniente.

Julien remettra le nez dans la mécanique, notre manette moteur gauche continuant à être récalcitrante parfois. Après une vidange à la seringue et changement de l'huile, ça a l'air d'aller mieux. Peut-être une saleté dans l'huile ?
Chaque jour, des kunas, en barque, viennent voir si nous avons besoin de quelque chose : fruits, légumes, oeufs, bière, poissons, langoustes, king crabes ... on a l'embarras du choix et les prix sont raisonnables. Notre espagnol est bien rouillé mais on arrive à se comprendre et à faire des affaires.
Fakarever part en premier de notre beau mouillage (le drône nous permet de vous le faire réellement voir) car il a des soucis techniques à régler avant de passer Panama. 
Nous partons le lendemain avec 6Gone pour rejoindre Cayo Holandes. Nous comptions nous baigner mais ... 6Gone nous appelle à la VHF : il y a un crocodile près des bateaux ! Elle est bien bonne celle-là ! On dégâine quand même les jumelles et ... effectivement, c'en est un !

Ça nous refroidit ... au final, nous nous baignerons quand même mais près de la plage pour le snorkeling pour moi, et à la plage pour les loulous.
Côté ennuis techniques, nous nous sentons moins seuls : Fakarever a des problèmes de guindeau, 6Gone des problèmes de VHF, de radar et depuis peu, c'est son frigo qui est en panne ! De notre côté, notre guindeau tient le coup mais le support a rendu l'âme : il s'est cassé en deux. Pour qu'il tienne en place quand même, Julien l'a refixé avec une visse. Notre manette moteur fonctionne normalement.
6Gone part pour faire réparer son frigo pendant que nous changeons de mouillage. Nous avons récupéré des cartes plus détaillées et nous osons nous aventurer entre les patates de corail pour trouver un mouillage ... quand la profondeur diminue, on ne fait pas les malins ... mais ça passe !!

Notre mouillage au centre de Cayo Holandes est calme et proche d'un banc de sable où on peut se baigner en ayant pied. Après l'école, c'est le montage d'un des cadeaux de Lilas : tout le monde s'y met !

La météo se gâte : des petits orages passent (les San Blas sont connues pour les orages violents et les risques de foudroiement pour les bateaux) et il pleut ! A cette occasion, on se dit qu'il faudrait vraiment réparer notre toile de bimini qui fuit au niveau de quelques coutures.
Nous repartons le lendemain vers Cayo Holandes Est où nous trouvons un petit mouillage tranquille devant une belle plage. Nous sommes tous seuls ! Nous aurons quand même la visite d'une barque de Kunas qui nous fera payer 10 dollars de redevance (cela donne le droit à un mois au mouillage à Cayo Holandes). On préfère quand ils nous abordent pour nous vendre des fruits, légumes, pain, langoustes, oeufs et autres !

Le temps est plus clément : allez c'est parti : on démonte la toile du bimini. J'ai préparé mon matériel mais ça ne sera pas une partie de plaisir ! La toile est épaisse, lourde et sale (le dessous du bimini est plein de poussière, de moisissures ... ). Le renfort pour l'étanchéité est finalement cousu (en zigzag et après avoir cassé quelques aiguilles). J'en profite pour changer 2 fermetures éclairs et renforcer les coutures sur certains endroits.
Et je tente une amélioration : une goutière souple tout le long du bord pour éviter que l'eau coule le long des côtés et nous permettre de récupérer plus facilement l'eau de pluie. Je me suis bien enquiquinée (ma machine a bien failli passer par dessus bord !) et le résultat, une fois la toile remontée n'est pas top ... zut alors !!
 
Dimanche matin, on se décide à quitter notre petit paradis pour rejoindre le continent. On laisse les cases des kunas derrière nous (leur vie est simple sur leurs petits îlots : aucun superflu ! Ni eau courante, ni électricité ... on se sent privilégiés sur notre "palace" flottant !).

 Il va falloir sortir de notre mouillage, puis prendre le canal Holandes et longer les îles. On reste attentif car les San Blas recèlent un nombre d'épaves assez impressionnant ... 
Linton est à 50 milles environ et, optimistes, on part vers 11h ... et on se traîne : pas beaucoup de vent et il s'oriente mal ! On fera quelques heures de moteur, entrecoupées d'heures de voiles et on arrivera à 21h30 à Linton. Grâce à internet (enfin retrouvé près des côtes), nous savons que 6Gone est au mouillage là bas et il allume sa nouvelle guirlande led lumineuse (rouge) pour nous :  on mouille à côté, contents d'être arrivés.
Au programme à venir : les formalités de Panama et du canal, le ravitaillement, le rangement à bord (les filles nous aident beaucoup comme vous pouvez le constater 😤) et la récupération de notre équipage !