jeudi 15 mars 2018

BVI : pannes sous le soleil

La vie à bord n'est pas toujours aussi idyllique qu'elle le paraît quand vous lisez ce blog. Une petite galère se transforme souvent en gros problème car nous sommes loin des grosses villes où l'on trouve tout et avant que la poste ne nous livre ...
Tout ça pour dire qu'on peut vite se retrouver dans la m...
Démonstration : notre guindeau qui nous a bien enquiquiné en Martinique, avait retrouvé une seconde jeunesse (après avoir dégrippé les charbons, remplacé un ressort ... Julien est devenu le pro du montage et démontage de ce guindeau !) mais ce n'était qu'un second souffle ! Et là, on sent bien qu'il n'est pas loin de la fin : la vitesse de descente ou de remontée de la chaîne est variable, il fume, il chauffe ... ce n'est pas bon tout ça !
Sur Lotus, pas de solution de secours : le guindeau marche ou il faut remonter sa chaîne (de 12 mm) à la main et au bout, nous avons une belle ancre de 35 kg !! Sachant qu'on mouille souvent par 10 m de fond et qu'on met 40 m de chaîne ... On ne tient pas à faire l'expérience de la remontée manuelle.
Donc Julien est parti (toujours à Road Harbour, à Tortola) à la recherche d'un technicien pour un diagnostic de pro et il l'a trouvé. Le mécanicien est venu à bord très gentiment et a examiné le moteur un moment avant de confirmer ce que l'on craignait : le moteur a pris l'eau et le grippage est interne. Il va tenir encore un moment mais combien de temps durera l'agonie ?
Bon, le moteur de rechange est déjà commandé mais pas encore livré à papa ; peut-être peut-on se le faire livrer ici ? Mais pour cela, il faut une adresse !!
Voilà Julien reparti pour trouver une adresse et si possible trouver aussi la pièce abîmée de notre avale-tout. Il doit aller à la marina voisine : trop de mer pour y aller en annexe ... mais nous avons à bord un vélo ! Enfin quand on le sort de la soute avant, l'état de rouille avancé du vélo nous fait douter. La dernière fois qu'il avait servi, c'était avec Richard à Marie Galante en octobre 2017 ... et je suis sûre qu'il se souvient de la longue séance de dégrippage !! Enfin, je l'amène en annexe sur un ponton et Julien réussit à déplier le vélo avant de le pulvériser de WD40 (l'ami du marin !) ... mais rien n'y fait : pas moyen de dégripper l'ensemble et même quelques coups de pieds amicaux (il faut bien que Julien décompresse) n'auront aucun effet. Le vélo finira dans une benne ("ça fait 12 kg en moins sur le bateau !" sera le seul commentaire que je peux retranscrire ici) et Julien fera du stop (la marina est à 5 km).
Il reviendra une heure plus tard avec la pièce de l'avale tout et une adresse : trop fort Julien ! (pendant qu'il se balade et fait du tourisme, je tiens quand même à dire que notre mouillage est bien agité et que moi, je me coltine le CNED avec une Violette "enthousiaste" !).

Comme on ne peut rien faire d'autre pour l'instant, nous quittons le mouillage vraiment inconfortable vers Norman Island (célèbre pour ses grottes et son trésor, dont parle Robert L. Stevenson) où nous mouillons dans the Bight.
Julien est tout content : nous sommes arrivés avant Teiva (pour les non initiés, Teiva est un outremer 45 : dans le monde des bateaux, c'est un catamaran léger et rapide. Notre Privilège est plus lourd et donc moins rapide ... normalement).
La baie est bien protégée et enfin nous voilà au calme ! Nous avions commencé par prendre une des bouées de mouillage disponible, mais seulement 5 minutes après notre arrivée, un zodiac est passé pour nous réclamer 30 dollars : on voit tout de suite le budget si chaque nuit dans les BVI nous coûte 30 dollars (nous avons prévu de rester 15 jours !). Nous préférons donc nous déplacer et jeter notre ancre.

Le lendemain, Julien redémonte le guindeau pendant que Violette fait école. Il trouvera un charbon déconnecté et il le remonte, confiant. Vers 10h, pleins d'énergie, nous décidons de faire une petite randonnée avec Teiva.
De la plage, on aperçoit un chemin sur la colline ... mais pour y accéder, c'est une autre histoire ! Le cyclone (toujours cette satanée Irma !) a cassé tous les arbres et l'accès au sentier n'est pas évident. Jean-Roch nous appelle : il a trouvé un passage jusqu'au sentier ... Après avoir progressé dans les broussailles en escaladant arbres cassés et branchages divers (avec épines pour certains !), moi avec Lilas sur le dos, on finit par s'arrêter et voter unanimement le demi-tour parce que le sentier, on n'y est pas encore !!
On ressortira égratigné, suant, transpirant ... et finalement, on rentrera sur nos bateaux après une petite baignade ! C'est tuant les randos ! On se retrouve tous sur Lotus pour déguster 1 m de pizza. Qui dit pizza, dit four allumé, dit dessalinisateur en marche (tant qu'à faire tourner le groupe électrogène, on rentabilise). Et alors que les gâteaux au chocolat cuisent, le dessal s'éteint brusquement ! Allons bon ! Julien essaie de le relancer mais il se met en alarme puis refuse carrément de redémarrer. Aïe ! Un bateau sans dessal c'est tout de suite la galère ! En plus, nos cuves sont loin d'être pleines (capacité 640l, on est à 200 l ...). Julien y passe un moment avec l'aide de Jean-Roch mais ne trouve pas la panne. Inquiétant !
Pour se changer les idées, nous irons en annexe voir les "fameuses grottes" : petit tour dedans en palmes masques et tubas. C'est vite fait : la première est peu profonde (un gros barracuda au fond incite à la prudence) et la deuxième l'est beaucoup plus mais étroite et on n'a pas envie de s'enfoncer dans le noir ...
On finira sur la plage au fond de la baie Blight. Un joli bar y est installé (à côté d'une autre construction en ruine, vestige d'Irma encore) et la plage est "artificielle" mais les loulous s'amuseront bien. On s'aperçoit aussi qu'un chemin, dégagé cette fois, part vers les collines.
Le soir, Julien passera un long moment en tête à tête avec le dessal mais son charme n'agira pas : le voyant alarme refuse de s'éteindre. On n'a plus de dessal ! Restriction d'eau sur Lotus.
Evidemment, nous sommes samedi donc le service de dépannage de Dessalator (efficace à ce qu'il paraît) ne sera joignable que lundi.

Dimanche, nous passons une partie de la matinée sur le CNED et sur le dessal (Jean-Roch est venu nous prêter main forte, et même Gilbert de Vent d'Ailleurs, nous appelle car il avait aussi eu une panne sur son dessal). Rien n'y fait ! On verra lundi.
Nous voilà repartis en randonnée : il fait chaud, très chaud et ça grimpe ! Mais on parviendra au sommet de la colline pour prendre quelques jolies photos. Arrivés aux antennes, deux options : trouver un chemin pour descendre direct à la plage ou faire le chemin inverse.
Jean-Roch part devant ... ça me semble scabreux encore ... je fais demi-tour avec Violette et Julien. L'équipage de Teiva se lancera dans la brousse et tombera finalement sur un petit sentier !

Nous les retrouverons installés sur la plage.
Après un petit vol du drône, nous appareillons pour l'île suivante : Peter Island où nous comptions aller mouiller à Deadman bay.

Teiva, parti devant, choisit Great Harbour, car ils craignent que la houle rentre dans notre destination. Nous essayons quand même : nous mouillons par 3m de fond dans une eau cristalline, devant une très jolie plage. Le sable est doux et fin, les tortues sont présentes et le plan d'eau est calme. Top !!
Teiva nous rejoindra le lendemain matin. Julien s'est levé à l'aube pour appeler le SAV de dessalator : le technicien lui dit de déconnecter le pressostat et d'essayer. Et ça marche !!! Youpi !! Il nous faudra commander le pressostat mais le dessal peut fonctionner sans (on n'a plus de sécurité contre une surpression mais en le faisant fonctionner au mouillage seulement, ça devrait aller). Papa nous amènera la pièce (200 euros le pressostat quand même !) à Panama. Il nous amènera aussi le moteur du guindeau  car la livraison ici s'avère problématique (6 semaines de délai ...).
Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour que  notre moteur tienne jusqu'à Panama !
En attendant, on se détend un peu (le dessal nous avait donné un coup au moral !) : la plage est magnifique. Avant le passage d'Irma, cette baie devait être vraiment superbe. Maintenant la nature a un peu repris ses droits : l'hôtel de luxe est vide, car en réfection et on a la plage pour nous tout seul ! Enfin on la partage avec Teiva volontiers.
Teiva partira mardi matin pour les petites îles voisines ... nous on choisit de paresser dans la jolie baie : le plan d'eau est protégée et le palme/masque/tuba est bien sympa. J'ai pu voir une grosse tortue, accompagnée par deux beaux poissons, une plus petite, une raie pastenague et une raie léopard (timide, elle n'est pas restée pour la photo ... et je ne fais pas le poids à la course !).
L'après-midi, Julien reprend ses activités habituelles (après ses heures de dépannage !) : nage et pain !! Il fera aussi un peu de kayak et s'arrêtera auprès d'un lagoon 400 arborant le pavillon français : "Just a dream" (JAD), un catamaran en location 6 mois avec une famille de 2 enfants (2 garçons 6 et 9 ans) : Violette est ravie d'avoir des compagnons de jeux et nous discutons avec les parents.

Le lendemain, nous repartons vers les Baths, au sud de Virgin Gorda mais nous les reverrons peut-être à Anegada.

Petite info côté formalités : nous avions payé environ 50 dollars pour rester 10 jours dans les BVI. Nous apprenons avec surprise que JAD a payé 780 dollars pour une semaine !! D'où vient une telle différence ? Eh bien, ils sont sur bateau de location donc soumis aux règles des charters : il y a une taxe pour le bateau et une taxe de 16 dollars par personne et par jour (enfant = adulte) est appliquée ! Ils étaient 6 à bord pour la semaine ... la facture est salée !!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire